Jean Jaurès, éloge de la modernité

A l’invitation de Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste, je me suis rendue ce matin à la commémoration du 100ème anniversaire de la mort de Jean Jaurès.

Je souhaitais saluer ce grand Homme, cheville ouvrière du socialisme et de la social-démocratie française.

Plus qu’un Homme, il incarne le compromis possible entre socialisme et réformisme, entre idéalisme et réalité.

Rendre hommage à Jaurès, c’est rendre hommage aux pacifistes, aux combattants de la Justice et de la liberté.

Rendre Hommage à Jaurès, c’est croire que la transformation sociale est possible.

Rendre Hommage à Jaurès, enfin, c’est rendre hommage à la France, à la République, à la patrie des droits de l’Homme, à ce qui se fait de plus beau en France.

Jaurès est un exemple pour tout socialiste, un exemple pour tout citoyen.

A l’heure où le populisme et le repli sur soi frappe aux portes de l’Europe, Jean Jaurès est plus que jamais d’actualité. Son message de paix, ses discours universalistes doivent résonner dans nos cœurs comme dans nos actes.

Par-delà sa mort Jean Jaurès reste un Homme du XXIème qui inspire mon combat tous les jours.

 

Démantèlement des camps Roms à Bondoufle : La stratégie du plumeau ne fonctionne pas

Communiqué de presse

Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy et Sylvie Guillaume, eurodéputées socialistes regrettent l’évacuation sèche des campements des populations Rroms de Bondoufle alors que des stratégies d’inclusion menées par les acteurs associatifs, le Conseil Général de l’Essonne et la communauté d’agglomération Evry Centre Essonne étaient en cours de mise en place.

Elles estiment que des dispositions pourtant prévues par la circulaire du 26 août 2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites auraient pu permettre un meilleur accompagnement.

A la lumière de ce démantèlement, elles s’interrogent sur l’avenir de la DIHAL après le départ annoncé et regretté du préfet Régnier. Elles demandent le maintien de cette délégation interministérielle qui met en œuvre des réponses appropriées contre le mal-logement et l’exclusion.

Elles s’interrogent enfin sur le fait que la France n’ait pas encore transmis de stratégie d’inclusion révisée pour l’intégration des Roms malgré les recommandations de la Commission européenne.

Les choses sérieuses commencent

Depuis le début officiel de la 8e législature du Parlement européen, le 1er juillet dernier, nous avons déjà eu toutes les réunions constitutives du Parlement, de ses organes, de ses commissions parlementaires, pour que le travail législatif complet puisse enfin commencer.

La semaine dernière, nous avons ainsi eu notre premier groupe de travail des socialistes de la commission des Transports et du Tourisme (la TRAN, dans le jargon européen) lors de la session plénière de Strasbourg.

A cette occasion, j’ai été désignée rapporteure fictive sur deux textes – au Parlement, quand un rapporteur est désigné sur un texte donné, tous les autres groupes politiques nomment un rapporteur fictif, chargé pour son groupe de suivre l’évolution des travaux et d’amender le texte pour le rapprocher au maximum de ses positions politiques. C’est ce travail collectif en amont qui favorise l’élaboration d’un compromis, plus ou moins acceptable par tous les groupes politiques, mais qui donne parfois lieu à des incompréhensions de la part des citoyens, qui peuvent y voir une confusion dans le clivage droite-gauche.

Les textes que mon groupe m’a chargée de suivre concernent deux dossiers de la réforme ferroviaire que l’on appelle le 4ème paquet, ces deux textes font partie de ce qu’on appelle le pilier technique – ils abordent des aspects de la réforme qui ne devraient pas susciter trop de difficultés de la part des États-membres, et pourraient avancer assez vite du côté du Conseil. Ces deux textes concernent la normalisation des comptes des entreprises ferroviaires, qui permet une harmonisation des normes comptables des différents opérateurs du chemin de fer dans toute l’Europe, et la réglementation de l’Agence Ferroviaire Européenne, qui est l’organisme chargé de veiller à l’interopérabilité entre les différents réseaux nationaux (par exemple, que du matériel français puisse rouler sur des rails espagnols et inversement) et à la sécurité des chemins de fer (entre autres, en établissant des normes de sécurité et de certification harmonisées en Europe).

Ces sujets peuvent sembler techniques de prime abord, mais ils touchent en fait à la vie quotidienne de chaque utilisateurs des transports ferroviaires – aussi bien des usagers que des consommateurs pour qui le fret ferroviaire a une incidence. En somme, de tous les Européens. C’est pour cela que je me suis porter candidate pour suivre ces dossiers de près et les amender si nécessaire. Le calendrier n’est pas encore établi, élaborer des normes à 28 peut parfois prendre du temps, mais je ne manquerai pas de vous tenir informés des étapes de mon travail législatif au Parlement européen.

Des défis aussi nombreux qu’immenses pour ce début de législature

L’élection de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission est maintenant actée et le nouveau Parlement européen peut désormais se mettre au travail. Avec la nouvelle législature, s’est ouverte, pour 6 mois, une nouvelle présidence tournante du Conseil qui revient à l’Italie.

Cette semaine, les Ministres italiens ont donc exposé devant les commissions parlementaires, leurs grandes orientations et répondu aux interrogations des eurodéputés.

Pour les transports, c’est Maurizio Lupi qui s’est plié à l’exercice de l’audition. La présidence italienne a décidé de mettre l’accent sur la stimulation de croissance économique et la lutte contre le chômage en s’appuyant sur un développement durable robuste et efficace des infrastructures et des transports afin d’améliorer le fonctionnement du marché intérieur. Le renforcement du réseau transeuropéen est également un point clé de la Présidence.

Les sujets figurant à l’ordre du jour de la présidence italienne en la matière sont très nombreux, il serait fastidieux de tous les énumérer ici, mais on pouvait néanmoins noter un vrai volontarisme de la part des Italiens à répondre aux défis majeurs en matière de transport, pour les 6 mois à venir et même au-delà. La ligne directrice de cette présidence sera plus d’Europe pour une meilleure qualité de vie.

À côté des questions, très nombreuses, sur la tragédie du MH 17 abattu en Ukraine, à laquelle la Commission parlementaire des Transports ne peut hélas pas répondre, si ce n’est en soutenant la création d’une commission d’enquête, les thèmes abordés ont notamment concerné la réforme du 4ème paquet ferroviaire (comment avancer sur les aspects techniques de la règlementation sans ni abandonner les questions de gouvernance, ni pour autant se laisser freiner par ces aspects, les plus sensibles pour les États-membres), les Réseaux Trans-Européens de Transports, le paquet Ciel Unique (pour une harmonisation européenne du trafic aérien), la préservation des services publics, la mobilité urbaine, le besoin d’un cadre clair pour le fret maritime (en particulier du cadre des aides d’État pour les ports)…et bien d’autres sujets encore.

Au Ministre italien a succédé à la tribune l’actuel Commissaire en charge des Transports, en poste jusqu’au mois de novembre, période à laquelle le nouveau collège des Commissaires sera élu, l’Estonien Siim Kallas. L’audition présentait moins d’enjeux puisque son mandat s’arrêt à l’automne et a donc été plus rapide, il s’agissait surtout pour lui de présenter un état des lieux du travail de la Commission en matière de transports, et d’écouter les questions et suggestions des députés, le tout dans un esprit d’étroite collaboration avec le Conseil et les priorités des Italiens.

Du côté de la commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures, ce sont les Ministres de l’Intérieur Angelino Alfano et de la Justice Andrea Orlando qui ont présenté les priorités de la présidence italienne.

« Responsabilité et solidarité » sont les deux mots d’ordre qui doivent guider la politique d’immigration européenne. Angelino Alfano a insisté sur l’importance de travailler à ouvrir de nouvelles voies légales de migration vers l’Union européenne, tout en protégeant ses frontières extérieures. Au-delà des initiatives de court terme, comme l’opération Mare Nostrum, lancée pour mieux gérer les flux migratoires au sud de la Méditerranée, et avant tout améliorer la sécurité humaine, l’Italie souhaite des actions européennes communes pour des résultats à moyen et long termes. Le gouvernement italien demande pour cela un renforcement de Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes, mais également davantage de coopération internationale avec les pays d’origine des migrants.

Les autres priorités de l’Italie en matière de justice et affaires intérieures pour ces six prochains mois sont nombreuses : la mise en place d’un système européen global d’asile ; le combat contre la traite des êtres humains, la corruption, le crime organisé et le terrorisme; la lutte contre les crimes inspirés par la haine, la xénophobie et la discrimination; la création du Parquet européen; ou encore la coopération dans les domaines de droit pénal et civil.

L’agenda du Parlement européen sera enfin marqué par la réforme de la protection des données et les accords d’échanges de données avec des pays tiers, en premier lieu les États-Unis. Le Ministre de la Justice a promis que l’Italie fera tout son possible pour débloquer la réforme de la protection des données (alors que le Parlement européen a adopté sa position en première lecture, les États-membres n’ont toujours pas réussi à trouver un accord). Il est indispensable que ce cadre européen harmonisé de règles en matière de protection des données soit adopté, pour renforcer la protection de la vie privée des citoyens, tout en relançant l’économie numérique européenne.

La commission parlementaire des Transports et du Tourisme, et celle des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures, sont maintenant sur le bon pied pour la reprise des travaux, à compter du mercredi 3 septembre !

 

Résolution du Parlement européen sur le conflit israélo-palestinien

Le Parlement européen a adopté le jeudi 17 juillet dernier une résolution sur l’escalade de la violence entre Israël et les Territoires palestiniens.

Les députés européens appellent à un cessez-le feu immédiat et à la fin des violences, qui ont coûté la vie à tant de victimes innocentes, en particulier civiles, parmi elles des femmes et des enfants. Ils exhortent les deux parties à respecter le droit international humanitaire, et réclament la fin de toute action militaire israélienne contre Gaza et des tirs de roquettes du Hamas sur Israël.

La situation est devenue insupportable dans la bande de Gaza. Ce ne sont pas davantage de souffrances et d’attaques injustifiées qui vont mettre un terme à la crise au Proche-Orient. La seule issue pour apporter paix et sécurité aux israéliens et palestiniens est diplomatique et politique.

Il appartient à l’Union européenne et à ses États-membres de prendre leurs responsabilités et d’agir de façon plus active pour la résolution du conflit israélo-palestinien, en lien avec toute la communauté internationale. Sans ce dialogue, le cercle vicieux des violences et des souffrances prospèrera. Si nous n’agissons pas, nous ne pourrons empêcher ce cycle continu de combats meurtriers de se perpétuer.

La seule solution, que soutiennent pleinement le Parlement européen et le Parti socialiste, est celle de la coexistence de deux États, sur la base des frontières de 1967. Ce qui impliquerait la levée du blocus de la bande de Gaza et le retrait des territoires palestiniens occupés.

Les appels à la paix en Israël et en Palestine ne supposent pas d’exporter le conflit en France. La manifestation pacifique qui s’est déroulée hier à Paris sans débordements va dans le sens de l’apaisement, et je salue cette évolution positive.

Un État d’Israël sûr ne pourra exister sans un État palestinien viable et indépendant. Après des décennies de guerres et de violences meurtrières, agissons pour une trêve durable entre israéliens et palestiniens et ouvrons un nouveau chapitre de Paix.

débat sur l’emploi des jeunes

Voici mon intervention en séance plénière.

Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, chers collègues,

Cela a été dit, le chômage des jeunes est à un niveau record inacceptable. Il touche particulièrement ceux qui ne sont peu ou pas qualifiés dans les pays du Sud de l’Europe.

Face à ce constat insupportable, je salue la volonté de Matteo Renzi de mettre la croissance et l’emploi, notamment l’emploi des jeunes, au cœur de l’agenda européen.

De nombreux dispositifs permettraient de faire refluer le chômage des jeunes plus rapidement, à l’image de ceux mis en place en France depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande. Nous faisons de la jeunesse, qui est l’avenir de l’Europe, notre priorité.

Pour que cela soit réellement une priorité européenne, il faut que le budget suive et que cesse enfin la politique générale austéritaire.

Concrètement, nous continuons à demander à porter la garantie jeunesse à 21 milliards d’euros et à étendre la mesure aux bénéficiaires jusqu’à 30 ans. La commission et M. Junker doivent prendre la mesure de cet enjeu. Le renforcement de la formation professionnelle à l’échelle européenne est également crucial: le programme Erasmus + doit être élargi aux apprentis et le programme Leonardo doit être renforcé. La reconnaissance, à l’échelle européenne, de l’expérience professionnelle donnée par les stages doit aller plus vite. Il faut même aller plus loin, la mobilité étant un facteur important pour l’emploi des jeunes, en définissant un cadre commun pour les stages et les formations professionnelles.

L’Europe ne peut pas laisser sa jeunesse dans la situation actuelle. Nous avons besoin d’une nouvelle orientation de l’Europe pour agir plus efficacement en faveur de l’emploi des jeunes.

 

Espagne : soutenons le droit à l’avortement !

Le 10 Juillet dernier les associations féministes ont présenté leur film « Yo Decido ! » (« Je décide ! ») Expression reprise lors des nombreux rassemblements espagnols pour le droit à l’IVG. La même semaine j’ai signé la déclaration de Madrid pour le droit à l’avortement en Espagne!
Cette déclaration fait suite à un rassemblement organisé par les forces progressistes espagnoles. Elle réaffirme les droits inaliénables des femmes acquis au siècle dernier et elle invite tous les signataires à defender ces droits. En février dernier, toute l’Europe s’est mobilisée pour apporter son soutien à l’Espagne sur le droit à l’IVG. En France, j’ai eu le plaisir de participer au grand rassemblement du 1er février qui a réuni de nombreuses associations, syndicats et partis politiques. De la Place Joffre à Paris nous avons rejoint l’ambassade d’Espagne pour faire entendre le droit des femmes à disposer de leur corps. Mais le combat n’est pas terminé, il faut continuer à multiplier les actions afin de montrer notre désaccord envers ces mesures.
La loi actuelle, votée sous l’ancien gouvernement socialiste, et qui suit les recommandations des textes internationaux de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’Organisation des Nations Unies, autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes sans justification et jusqu’à 22 semaines en cas de malformation du fœtus ou de grave danger physique ou psychique pour la mère. Aujourd’hui, le projet de loi restreint les possibilités de l’avortement au point que les femmes espagnoles doivent être victime de viol, de danger physique ou mental ou de malformation fœtale pour pouvoir avorter.
Il est important de rappeler qu’en décembre 2013 les opposants aux droits des femmes ont rejeté le rapport Estrela du Parlement Européen (un rapport sur la santé et les droits reproductifs) qui proposait que le droit à l’IVG devienne une compétence gérée par l’Union Européenne, encourageant ainsi tous les états membres à élargir le droit à l’avortement sur leur territoire. L’actuel projet de loi espagnole est donc la réplique négative du gouvernement envers la proposition du Parlement Européen.
Il faut dire : non! La liberté c’est aussi la possibilité de disposer de son corps et de sa vie. Je refuse qu’un état membre de l’Union Européenne s’applique à « maintenir les femmes dans un statut social de soumission ». Par cette signature je dénonce l’action du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy à restreindre le droit à l’avortement au point de dénoncer cette pratique comme criminelle à certains égards. Un tel projet de loi ferait de l’Espagne un des pays européens les plus restrictifs sur les questions des droits des femmes et ferait faire un bond en arrière de 30 ans dans l’Espagne de Franco.
Nous ne pouvons pas laisser ce projet de loi aboutir sans rien faire ; ainsi je vous invite donc à signer la déclaration de Madrid :

http://nosotrasdecidimos.org/declaracion-madrid/fr/

Un pas pour la démocratie, incertitude sur la réorientation , Tribune de la Délégation socialiste française

Les dernières élections européennes ont vu naître une grande première : les partis politiques ont parlementarisé l’Union européenne en proposant que le candidat arrivé en tête soit désigné par le Conseil européen et chargé de constituer une majorité au Parlement européen. Monsieur Juncker n’était pas notre candidat, ni celui des Socialistes et des Radicaux européens. Ensemble, nous avons soutenu Martin Schulz. Mais nous n’avons pas gagné.

Nous avons deux objectifs : poursuivre la démocratisation de l’Europe et réorienter celle-ci par une relance de l’investissement et de l’emploi.

Le candidat du parti arrivé en tête n’a pas de majorité à lui seul : ainsi nous pouvons mettre en place un rapport de force pour infléchir le programme de travail de la Commission. Ce saut démocratique nous donne de nouveaux atouts pour peser sur le programme du candidat, mais aussi pour le juger et influencer sa mise en œuvre tout au long de son mandat.

A l’échelle de l’Union, sous l’impulsion du président de la République lors du Conseil européen du 27 juin dernier, nos idées pour réorienter l’Europe progressent. Notre tâche de parlementaires est de traduire cette dynamique, de renforcer notre influence et notre action là où c’est possible, dans les engagements que le candidat prend devant nous.

Avec le Parti socialiste, avec le Parti socialiste européen, avec le groupe des Socialistes et Démocrates nous avons lancé nos propositions dans le débat public. Nous avons demandé une discussion franche sur la feuille de route de la prochaine Commission car, pour nous, le contenu du projet prime sur ceux qui le portent ; nous avons obtenu cette discussion.

Nous avons entendu Monsieur Juncker devant notre groupe et en plénière dire qu’il était candidat parce qu’il n’aime pas l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui, dire sa priorité en faveur de la croissance et de l’emploi, accepter d’utiliser la flexibilité du Pacte de stabilité et de croissance, soutenir la libre circulation des travailleurs et la dimension sociale des politiques économiques, s’engager sur la taxation sur le lieu de production, ré-ouvrir la directive détachement des travailleurs, plaider « à travail égal, droits égaux », prôner des ressources propres, vouloir organiser l’immigration légale ou juger inutile tout mécanisme de règlements des différends.

Certes, tout cela vient en écho à nos propositions parce que nous avons été unis dans les demandes, responsables et, au terme de notre stratégie, influents. Toutefois, l’audition de Monsieur Juncker nous a confirmé la différence entre la gauche et la droite de l’Hémicycle. Pour l’instant, nous ne sommes pas convaincus qu’il tiendra suffisamment compte de nos propositions pour répondre au désarroi et à la défiance de ceux qui souffrent des politiques d’austérité. Nous voulons qu’il s’engage plus loin avant de pouvoir compter sur nos voix.

Quelles sont les mesures que nous voulons voir mises en œuvre le plus rapidement possible ?

Les besoins en investissement pour la croissance et l’emploi en Europe se chiffrent à 200 milliards d’euros par an. C’est pourquoi nous militons depuis longtemps pour un assouplissement des règles du Pacte de stabilité : Monsieur Juncker s’est déclaré favorable à un « Pacte de stabilité avec flexibilité ». Il doit utiliser pleinement les conclusions du Conseil européen comme point d’appui. Il faut ouvrir le débat sur les dépenses à exclure du calcul des déficits : contributions nationales au budget européen ? Dépenses en matière de défense ? Investissements dans le numérique ? Dans les infrastructures ? Nous voulons des engagements lisibles.

Le budget européen, voté en 2013, n’est pas à la hauteur. Le Parlement avait alors conditionné son vote à une révision budgétaire : le candidat-président ne s’est pas montré défavorable à notre proposition, mais n’a pas, pour l’instant, pris d’engagement suffisant en termes de calendrier ou de contenu. A nos yeux, le budget européen doit enfin devenir un outil de stabilisation macro-économique au sein de l’Union, mobilisant tous les moyens, comme les garanties de projets ou la BEI.

Le chômage, qui touche 5 millions de jeunes, est pour nous un sujet majeur. Monsieur Juncker refuse, pour l’instant, de porter la dotation de la garantie jeunesse à 21 milliards d’euros, au motif que les 6 milliards déjà alloués ne seraient pas encore consommés. Mais nous savons que cette somme est insuffisante et nous maintenons que cette mesure doit s’appliquer aux jeunes jusqu’à 30 ans.

Sur la convergence fiscale et sociale, qui nous permettra de mettre fin à la concurrence déloyale intra-européenne, sur l’immigration, sur le juste échange pour lutter contre la concurrence déloyale extra-européenne, là aussi nous souhaitons plus de volontarisme.

Bref, pour nous, même s’il est un candidat pro-européen, il ne nous est pas possible, aujourd’hui, de voter en faveur de Monsieur Juncker.

Parce que nous avons fait ce choix de responsabilité, parce que nous devons peser et négocier pour obtenir plus de garanties et de réelles avancées pour sortir l’Europe et ses citoyens de la crise qu’ils traversent : unis, nous choisissons de nous abstenir, de peser sur le rapport de force et de rester en pointe d’un combat où l’exigence et la vigilance seront de tous les instants. Où chacune de nos voix sera âprement négociée, notamment quand nous aurons à juger de la volonté et de la capacité de chacun des commissaires et du futur collège dans son ensemble. Où nous placerons le président de la Commission et le collège des commissaires sous surveillance renforcée. Où nous démultiplierons tout notre potentiel et utiliserons les leviers dont nous disposons pour réorienter l’Union vers plus de prospérité, de justice, de solidarité. Pour que l’Europe cesse enfin d’être le problème pour les Français et les Européens et redevienne la solution aux yeux des citoyens.

Europe 2014 -2019 : Une nouvelle législature s’ouvre

Le constat est pour nous sans appel : en France, les socialistes ont perdu les élections européennes, dans les suffrages. Et paradoxalement, ce sont nos axes politiques de réorientation de l’Europe qui sont aujourd’hui au centre du débat. Nous savons déjà que nous serons comptables d’un éventuel échec, même si nous sommes minoritaires dans les institutions européennes. Quels moyens avons-nous de peser sur le cours des choses sans avoir de majorité ? C’est la question qui a guidé la Délégation Socialiste Française tout au long de la mise en place des organes du Parlement européen pour ce nouveau mandat.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à une équation mathématique à multiples inconnues. Nous ignorons encore quelles seront les évolutions qui vont intervenir dans les trois prochaines années à l’échelle européenne, mais ces évolutions auront pour nous tous, collectivement, un impact majeur. Ce qui est certain, c’est que la réponse passe par un changement profond des pratiques et des politiques menées. Cet appel au changement est réel et partagé. En effet, la moitié des députés élus en mai au Parlement européen inaugurent leur premier mandat, c’est même près de 60 % des députés du Groupe des Socialistes et Démocrates. Face à un Front National qui n’attend qu’une chose pour parvenir au pouvoir en 2017, que les sortants conservent à tout prix le vieux système, il nous faut trouver de nouveaux modes d’action. Car nous devrons aussi faire face à la recomposition de la droite européenne, avec un PPE qui se radicalise et se rapproche de l’extrême-droite.

La période dite de constitutive arrive à son terme. Les 7 Groupes politiques, de l’extrême-gauche à la droite conservatrice – étant donné que l’extrême-droite n’a pas réussi à se mettre d’accord pour s’unir dans un Groupe – se sont répartis les postes-clefs. Au sein de chaque Groupe, les délégations nationales ont chacune leur lot de responsabilités, au prorata de leur importance numérique. Ainsi les Socialistes et radicaux français ne s’en sortent pas si mal, et en respectant la parité, avec une Vice-Présidence du Parlement européen, pour Sylvie Guillaume, une Vice-Présidence du Groupe S&D, pour Isabelle Thomas, et également une Vice-Présidence de la commission de l’Agriculture pour Eric Andrieu, et une Vice-Présidence de la commission de l’Environnement pour Gilles Pargneaux. Le parlement est en ordre de marche pour entamer son travail pour cette 8e législature.

 

La première mission du nouveau Parlement est le vote mardi 15 juillet pour le prochain Président de la Commission européenne, peut-être le poste le plus influent de toute l’Union européenne. Pour l’heure c’est Jean-Claude Juncker, ex premier Ministre du Luxembourg, ex Président de l’Eurogroupe, et surtout candidat du PPE, qui tient la corde. Son parti est arrivé de justesse en tête des dernières élections européennes, mais il n’en reste pas moins un homme du vieux système. Face à lui, il n’y a certes pas ou peu d’alternative, mais ça ne suffira pas à lui donner un chèque en blanc, les progressistes auront besoin de garanties solides et concrètes pour ne pas lui barrer la route. Surtout, il tient difficilement la comparaison avec l’autre homme fort du moment en Europe, Matteo Renzi, jeune Président du Conseil italien, issu de la grande famille socialiste, à la tête du Conseil européen pour les 6 mois qui viennent. Avec lui, avec tous les leaders socialistes en Europe, avec nous l’espérons de nombreux Commissaires socialistes (peut-être même un Commissaire socialiste aux Affaires économiques), nous devons inventer les nouvelles réponses aux inquiétudes des citoyens européens.

Notre feuille de route est claire, elle est directement issue de notre programme, et c’est sur ces priorités que nous nous battrons. François Hollande, en réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement en a confirmé ses axes. Les Européens attendent des actes et des décisions fortes ; ils attendent une programme de travail avec des propositions concrètes sur la relance économique, grâce à la transition écologique d’abord pour créer des emplois, des politiques qui ne peuvent être traitées qu’au niveau européen.

Il est urgent aussi d’assouplir le pacte de stabilité : les dépenses d’investissements, les contributions au budget européen et le budget de la défense doivent être sortis des 3%. Les Européens attendent des engagements clairs : les Socialistes vont travailler pour faire avancer leurs propositions dans le contrat qui sera passé entre la Commission européenne, le Parlement européen et les Etats membres. Notre priorité, c’est aussi la jeunesse et les 21 milliards d’euros pour la garantie jeunesse.

Il est urgent que l’Europe change ses politiques pour répondre aux attentes des Européens.