La semaine dernière, le Parlement européen, aussi, a fait sa rentrée. Au menu, réunions des commissions où je siège, celle des Transports et du Tourisme (TRAN), et celle des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures (LIBE).
La réunion de la commission TRAN était surtout concentrée sur les questions de sûreté et de sécurité aérienne, suite aux catastrophes aériennes de ces derniers mois. Plusieurs acteurs ont été auditionnés, groupements de professionnels de l’aviation comme agence européenne de sécurité aérienne, et ont échangé avec les députés présents. Il va sans dire que les questionnements sur ces crashs n’en sont qu’à leurs prémices, et que le Parlement européen reviendra sur ce sujet dans les mois qui viennent. En outre un vote sur le volet budget général 2015 de l’UE consacré aux transports, a eu lieu en ouverture de la réunion. Les membres de la commission TRAN ont très majoritairement (41 voix sur 48) voté pour une hausse du budget proposé par le Conseil, pour permettre à ce secteur vital pour l’Europe de jouer pleinement son rôle dans la réussite de la stratégie UE 2020 et dans la politique en faveur de la croissance et de l’emploi. La réunion a également été l’occasion pour le Ministre italien du Tourisme de venir présenter ses priorités, dans le cadre de la présidence italienne du Conseil, en particulier en matière de tourisme durable, d’accessibilité, d’intermodalité, et a rappelé le rôle que peut jouer le tourisme en matière de création d’emplois et de richesses en Europe.
Un vote sur le budget général de l’UE a aussi eu lieu lors de la réunion de la commission LIBE. Les députés ont voté en grande majorité (44 voix sur 56) pour une augmentation des crédits européens alloués à la Justice, aux Affaires intérieures et à la Citoyenneté dans l’UE, et ce en particulier dans les domaines de l’asile et de l’immigration. Les migrations dans l’UE constituaient un des thèmes centraux de la réunion, avec notamment l’audition de Gil Arias Fernández, le Directeur général adjoint de Frontex (l’Agence européenne pour la gestion des frontières extérieures), sur les activités de l’agence en Méditerranée. Une nouvelle opération coordonnée par Frontex, « Triton », devrait être prochainement mise en place pour compléter l’opération italienne « Mare Nostrum », qui a permis de sauver près de cent mille migrants et demandeurs d’asile en mer Méditerranée cette année. Contrairement à « Mare Nostrum », dont l’objectif premier est le sauvetage en mer, « Triton » se concentrera sur le contrôle et la gestion des frontières extérieures de l’UE. Le succès de cette opération, qui se déroulera beaucoup plus près des côtes européennes, dépendra de la participation du plus grand nombre d’États-membres et ainsi d’une réelle solidarité européenne. Si la France a déjà annoncé qu’elle participerait à ce processus, on ne sait pas encore précisément combien d’États-membres prendront part à cette initiative. En outre, les contours de « Triton », ainsi que ses moyens et ses ressources, restent pour le moment assez flous. Une question à laquelle ni la Commission ni M. Arias Fernández n’ont été capables de répondre : que se passera-t-il pour les migrants et les demandeurs d’asile une fois qu’ils auront été secourus en mer et arrivés sur le territoire de l’UE?
La politique migratoire européenne, qu’il faut différencier de l’accueil des demandeurs d’asile, ne peut être limitée au seul contrôle des frontières extérieures de l’Union et basée sur une vision uniquement sécuritaire. Sans une approche européenne globale envers les migrations, recentrée sur l’humain, les migrants continueront d’emprunter des routes encore plus dangereuses, et le cercle vicieux des tragédies en mer ne se refermera pas. Il est temps que l’UE et ses États-membres prennent enfin leurs responsabilités en développant des voies légales de migrations sur le continent européen. Le Parlement européen attend de la Commission qu’elle prenne de nouvelles initiatives en ce sens, ce qui doit se traduire par une inflexion du budget de l’UE de la protection des frontières à la prise en compte de l’accueil des migrants.