Un débat s’est tenu mardi 16 juin en commission LIBE sur le projet de rapport de Rachida Dati portant sur la prévention de la radicalisation et le recrutement des citoyens européens par des organisations terroristes. Ce texte constitue une bonne base de discussion qui avance des pistes intéressantes pour faire face à ce phénomène complexe et préoccupant. Il penche toutefois vers une approche davantage répressive que préventive, et omet de traiter de certains aspects essentiels de la radicalisation, comme ses causes multiples et les méthodes de prévention à adopter. Points que je me suis attachée à développer dans mon intervention.
« Je tiens à remercier la rapporteure pour son projet de rapport qui dresse un certain nombre de constats, de recommandations et de pistes d’actions pour la prévention de la radicalisation. Le texte souligne à juste titre la valeur ajoutée de l’Union européenne pour aider les États-membres à prévenir la radicalisation et le recrutement de combattants européens.
Cependant, il faudrait mettre davantage l’accent sur certains aspects de la radicalisation qui ne sont pas assez développés dans le projet de rapport, et sur lesquels je présenterai des amendements.
En particulier, les causes de la radicalisation : l’idée n’est pas de prétendre comprendre l’entièreté du phénomène, mais au moins de montrer qu’il n’est pas uniforme. Et en insistant sur un point : ce qui relie les personnes radicalisées ou en passe de le devenir, c’est une absence de perspectives en société, ce n’est pas la religion. Le dévoiement de la religion est une des causes de la radicalisation, mais ce n’est pas la seule.
Autre point important : le texte avance des idées intéressantes pour développer Internet comme une plateforme de contre-discours face aux messages terroristes. Il importe également de s’atteler au contenu de ces contre-discours, qui doivent s’articuler sur la promotion de nos valeurs, de la tolérance, de l’inclusion sociale et du vivre-ensemble.
Par ailleurs, le rapport dresse une approche presque exclusivement répressive des méthodes de dissuasion face à la radicalisation, ce qui décourage l’arrêt des actes terroristes par les individus radicalisés qui souhaitent se réinsérer dans la société.
Je pense que l’on devrait insister sur la méthode et les outils de prévention et de dé-radicalisation, qui passent en premier lieu par l’éducation, l’émancipation et l’autonomisation des jeunes. Pour montrer au final que ce n’est pas une pensée et des idées qu’il faut critiquer, mais bien le recours à la violence, qui est absolument injustifiable. »