Déplacement à Stockhom Mobilité urbaine, aménagement et qualité de l’air

Du 26 au 28 août, j’ai participé à la visite de délégation des eurodéputées sociales démocrates à Stockholm. La délégation était également composée de Kathlee Ven Brempt (Belgique), Lucy Anderson (Grande Bretagne), Isabella de Monte (Italie), Claudia Tapardel (Roumanie) et Jytte Guteland (Suède).

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Le 26 août nous avons entamé le programme par une présentation suivi d’un échange sur la qualité de l’air à Stockholm et les méthodes permettant la réalisation et l’évaluation permanente des zones à faible émission de polluants.

Cette présentation était faite par Gunnar Söderholm, Directeur de l’administration de l’environnement et de la santé de la ville de Stockholm et Christer Johansson, professeur conduisant les recherches sur les zones à faible émission.

La ville de Stockholm est en croissance exponentielle. Aujourd’hui peuplée de 2,8 millions d’habitants, il est prévu qu’elle compte plus de 5 millions en 2030.

En 2010, Stockholm était la ville la plus propre du monde, elle est depuis restée parmi les 5 premières.

Depuis 1990, la préoccupation majeure a été de lier accroissement de la population à l’amélioration de la qualité de l’air.

Ainsi, pour le chauffage, l’usage du charbon très important jusqu’alors a été progressivement remplacé par le gaz et la géothermie.

Les véhicules roulant au gaz sont de plus en plus nombreux et notamment les bus roulant au bio-gaz élaboré à partir des déchets ménagers.

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L’eau des nombreuses rivières constituant Stockholm et sa périphérie est désormais suffisamment saine pour qu’elle soit potable et que les riverains puissent s’’y baigner.

De nombreuses opérations ont été conjointement mise en place pour réduire la pollution des véhicules : péage urbain (congestion tax cf infra), nettoyage des voies au CMA en mai permettant de contenir les poussières sur la chaussée, suppression des pneus à clous (au bénéfice des pneus neige), etc.

Jeudi 27 août, après avoir pris le métro et le bus roulant au bio gaz nous nous sommes rendus au Norra Djurgårdsstaden (Stockholm Royal Seaport), l’un des 3 sites majeurs de développement urbain avec une empreinte développement durable très forte.

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EN 2030, 12500 logements, mais aussi des services publics, des bureaux et commerces seront sur ce site remarquable en proximité du port.

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Staffan Lorentz, Chef du Développement de Norra Djurgårdsstaden, auprès de l’administration du Développement de la ville nous en fait une longue présentation avant de nous faire la visite du chantier en cours. Ce quartier, proche du port et du parc du Roi (anciennement son parc de chasse, riche en faunes préservées) est situé sur les anciennes tours de Gaz qui alimentaient toute la ville. Autrefois, ce quartier en raison de sa proximité avec les tours de gaz était très eu peuplés, à l’exception d’un quartier ouvrier. A terme il connaîtra une population plutôt aisée car les prix de l’immobilier sont très élevés sur cet éco-quartier. La Suède a une politique d’aide au logement via des allocations pour les personnes remplissant les critères sociaux, en revanche il n’y a pas de logements sociaux comme nous les connaissons en France.

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Il y a donc souvent peu de mixité sociale au sein même des quartiers à Stockholm.

Nous avons ensuite été invité à déjeuner dans le restaurant de la Mairie par Karin Wanngård, jeune Maire sociale démocrate de Stockholm, élue en 2014 (mandat de 4 ans en Suède) et avons pu approfondir la politique du logement et des transports de la capitale suédoise.

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Après le déjeuner, nous avons visité la Mairie, dont le Hall d’honneur accueille les cérémonies de remise du prix Nobel. Bâtiment inauguré en 1920, son apparence fortifié conduit souvent les touristes à le penser beaucoup plus ancien.

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Nous avons eu ensuite une présentation très complète de la façon dont a pu se mettre en place le système de péage urbain à l’entrée et à la sortie de Stockholm avec Gunnar Söderholm et Camilla Byström, Chef d’unité et Docteur sur les comportements de déplacement et de circulation.

L’origine du projet remonte à 2002 quand la candidate sociale démocrate à la municipalité a annoncé en débat télévisé qu’elle réaliserait ce péage urbain pour lutter contre la pollution à Stockholm. La ville était alors très polluée notamment parce que la capitale constituée de plusieurs îles constitue une zone de transit pour tous les véhicules camions etc. Il n’existe pas (encore) de ponts ou de tunnel permettant aux véhicules et aux poids lourds de contourner la ville. Après une longue période de procédures judiciaires, le péage urbain a vu le jour en 2005, après un arrêt de 9 mois en 2006, il est depuis complètement opérationnel.

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Le système est le même que celui installé en France pour l’éco-taxe, le paiement pouvant se faire à la fin du mois, en fonction du nombre de passage. A l’époque décrié par les habitants de Stockholm et sa région, il est aujourd’hui plébiscité parce qu’il a permis un réel report modal vers les transports en commun (qui ont pu être en partie financés grâce aux recettes de la congestion tax) et le vélo. La pollution a réellement diminué dans Stockholm. La prochaine étape sera la création d’un métro en périphérie (pas de tramway possible avec toutes les îles), d’un tunnel routier, et d’un nouveau pont à l’extérieur de Stockholm.

La géographie de la Suède rend très difficile un accroissement conséquent du report modal vers le ferroviaire.

Nous avons ensuite déambulé dans Stockholm pour observer les équipements d’accessibilités existants pour les cheminements piétonniers. Stockholm est devenu très rapidement une ville où beaucoup de vélos circulent, il a donc fallu repenser l’aménagement de la chaussée pour tous.

Nous avons terminé cette journée par un dîner avec des membres du Parti social démocrate de Stockholm dans un restaurant typique, le Pelikan, dans le quartier « bobo » de Stockholm.

Le vendredi, j’ai pris l’Arlanda Express, ligne de train qui fait la navette entre la gare ferroviaire Centrale Station avec l’aéroport d’Arlanda. En 20 mn, pour 28 €, le centre de Stockholm est relié à l’aéroport international. Cette navette ayant des pointes de vitesse à 160 km/H.

Quel avenir pour la politique européenne des transports face aux enjeux environnementaux?

Ma tribune publiée sur le Huffington Post

Confrontée à la plus grave crise économique de son histoire et face à l’urgence du drame migratoire, l’Union européenne n’apparaît qu’à travers le prisme négatif de l’austérité et celui d’une « Europe forteresse » ne parvenant pas à jouer la solidarité dans tous les Etats membres. Pour autant, sans nier cette « urgence européenne », il existe d’autres politiques européennes dont on parle moins mais qui, à l’instar de la politique régionale, jouent un rôle indispensable dans la vie quotidienne de millions de citoyens européens. Et la politique européenne des transports, encore trop méconnue et peu médiatisée, en fait partie. En effet, parce que le secteur des transports qui représente environ un quart du total des émissions de CO2 de l’Union européenne, est le seul secteur dont les émissions augmentent depuis 1990 et continueront de croitre, l’avenir de la politique européenne des transports nous concerne tous.

Les efforts de l’UE en matière d’encadrement des émissions de CO2 et des autres polluants comme le dioxyde d’azote ou les particules fines ou la volonté de l’UE de promouvoir les véhicules électriques ou fonctionnant au gaz via la directive « carburant alternatif », qui oblige les États membres à adopter des plans nationaux de déploiement des points de recharge pour ces véhicules, sont autant d’initiatives européennes qui vont dans le bon sens. Seulement, face à l’urgence environnementale et à l’attente des citoyens, l’Union doit et peut faire plus.

La France qui accueillera cette année la 21ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique et qui entend montrer l’exemple en matière de politique environnementale a un rôle à jouer et doit œuvrer pour une politique européenne des transports durables.

Un des objectifs doit être d’élargir les instruments de la politique européenne des transports en matière de fiscalisation. L’adoption de normes d’émission obligatoires est indispensable, mais l’UE doit se doter d’outils de politique fiscale pour faire du principe « pollueurs-payeurs » une réalité en Europe. Force est de constater que la directive Eurovignette, révisée en 2011 pour inciter les États membres à mettre en place une taxe kilométrique sur le fret routier afin de prendre en compte les coûts externes liés, entre autres, à la pollution atmosphérique, n’a pas eu les effets escomptés. Seuls sept États membres ont adopté un tel système (Portugal, Allemagne, Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Belgique). En France, les déboires de « l’écotaxe » sont symptomatiques de la difficulté d’avancer sur ce sujet fondamental. Pour autant, le statut quo ne peut en aucun cas être la solution. Si l’on peut discuter des moyens de mise en œuvre de « l’écotaxe » – décentralisation, modulation tarifaire, répercussion sur ceux qui commandent la prestation etc. -, le principe même de mieux intégrer dans le prix des transports les coûts liés à la pollution atmosphérique, sonore et à la congestion ne saurait être remis en cause. Il ne s’agit pas d’instaurer une « écologie punitive » mais bien au contraire d’aller vers une « écologie constructive » en matière d’internalisation des coût externes, de planification et de financement des infrastructures sur le long-terme.

Dans la perspective du « paquet route », qui devra être présenté en 2016 par la Commission européenne, la France doit assumer ses responsabilités et prôner une réforme ambitieuse de la directive Eurovignette afin d’élargir son champ d’application et d’accélérer l’application du principe « pollueurs-payeurs » dans tous les États membres. Dans cette perspective, nous devrons œuvrer pour que l’UE se dote d’une Agence de financement des infrastructures de transports (l’AFITF en France) compétente pour assurer la collecte de redevances sur les grands axes routiers européens afin de pérenniser le financement du réseau transeuropéen de transport et notamment des corridors ferroviaires. À terme, l’UE pourrait, sur le modèle de la Taxe de Solidarité sur les billets d’avion, instaurer une taxe CO2 sur les billets d’avion, les locations de voitures, les billets d’autocars et les transports ferroviaires et maritimes. L’objectif étant de promouvoir une généralisation, à tous les modes de transport, d’une « Taxe Solidarité Climat », prélevée sur l’achat d’un billet et qui serait calculée sur le nombre de grammes de CO2 émis par kilomètre. Cette « Taxe Solidarité Climat » ne serait pas une « pénalisation au déplacement  » mais permettrait au contraire, en alimentant le budget de l’Agence européenne de financement des infrastructures de transport, de soutenir les États et les collectivités qui manquent de ressources pour faire face à l’ampleur des besoins de modernisation et d’entretien des systèmes de transport.

Avec plus de 9 millions d’emplois générés par le secteur des transports dans l’UE, œuvrer pour une politique européenne ambitieuse d’investissement dans les infrastructures de transport c’est aussi et surtout promouvoir la création d’emplois. C’est inscrire notre action dans la vision de Jacques Delors de parachever les réseaux transeuropéens de transport pour donner corps à la mobilité européenne, lancer des projets d’avenir mobilisateurs et renforcer la compétitivité de l’économie européenne. L’UE, à travers le mécanisme européen d’interconnexion, joue déjà un rôle de premier plan dans le financement des infrastructures de transport. En 2015, c’est plus de 13 milliards de co-financement européens qui seront débloqués notamment pour des projets français phares comme le canal Seine-Escaut, la section transfrontalière de la liaison ferroviaire Transalpine Lyon Turin, la ligne nouvelle Bordeaux-Dax ou encore le Grand Paris Express. Nous devons nous appuyer sur cette dynamique positive d’investissement pour voir plus loin et penser l’avenir des financements européens dans les transports après 2020.

À l’horizon 2030, le futur paquet climat-énergie, qui devra être voté par le Parlement européen au cours de cette mandature, ne pourra faire l’économie d’objectifs ambitieux de plafonnement des émissions de CO2 dans le secteur des transports. Enfin, il est aussi indispensable que la France soit un fer de lance pour élargir le cadre réglementaire d’encadrement des émissions de CO2 qui s’applique aux véhicules légers aux poids lourds afin de consolider et de combler cette lacune du cadre européen.

Sans un engagement politique constant et ambitieux des États membres pour une politique européenne des transports plus soutenable et orientée vers une écologie constructive, l’UE ne pourra relever les défis environnementaux du XXI siècle et lutter contre la pollution atmosphérique qui cause chaque jour de grave problème de santé publique partout en Europe.