Le 13 mai dernier, la Commission européenne a présenté son Agenda européen en matière de migrations, premier pas notable vers la mise en place d’une politique migratoire globale et commune pour l’Union européenne. Une des composantes de cet ensemble de mesures porte sur la « relocalisation », entre les États membres, des demandeurs d’asile arrivés sur le territoire européen. Avant de proposer un mécanisme de répartition permanent et obligatoire, comme l’a annoncé Jean-Claude Juncker aujourd’hui dans son discours sur l’État de l’Union, la Commission avait immédiatement poussé les États membres à adopter des mesures d’urgence pour relocaliser 40.000 demandeurs depuis l’Italie et la Grèce. Si les États membres ne se sont malheureusement pas mis d’accord sur les chiffres ni sur le caractère contraignant de ces mesures, le Parlement a toujours soutenu la Commission dans sa démarche. C’est l’objet du rapport de Franziska Keller voté ce mercredi 9 septembre, intitulé « mesures provisoires dans le domaine de la protection internationale pour l’Italie et la Grèce ».
Voici mon intervention lors du débat en plénière hier soir autour de ce rapport :
Verbatim
« La situation urgente de ces milliers de réfugiés, qui risquent leur vie pour tenter de rejoindre notre continent, impose une réponse politique forte et commune. Une réponse européenne à la hauteur d’enjeux historiques, qui représentent un des plus grands défis portés à nos valeurs et à notre humanité.
Nous avons besoin de ces premières mesures de relocalisation en faveur de l’Italie et de la Grèce pour donner corps à la solidarité dont nous avons jusqu’ici fait cruellement défaut. Mais surtout nous avons besoin d’un mécanisme de répartition permanent et obligatoire pour engager tous les États membres sur la voie du partage des responsabilités. Je salue en ce sens les propositions ambitieuses récemment formulées par la Chancelière allemande et le Président de la République française, qui vont résolument dans la bonne direction. Le Conseil des États membres doit prendre toutes ses responsabilités et s’engager comme le fait déjà la Commission.
Répondons enfin à l’urgence de la situation par une action collective, digne et solidaire. Car il s’agit bien ici d’aider des femmes, hommes et enfants qui ne demandent qu’à avoir le droit de vivre. »
Voici mon explication de vote :
Face à ceux qui prétendent que « Bruxelles » ne serait pas à la hauteur du défi des migrations et de l’asile, la Commission répond par des propositions concrètes visant à mettre en place une réelle solidarité et un partage des responsabilités entre les États membres. À travers le vote du rapport de Franziska Keller, le Parlement européen soutient avec force l’initiative de la Commission en faveur d’un système de répartition obligatoire des réfugiés au sein de l’Union. Ces premières mesures de relocalisation d’urgence pour 40.000 demandeurs depuis l’Italie et la Grèce seront bientôt complétées par de nouvelles mesures pour 120.000 demandeurs. L’objectif étant d’instaurer dans les meilleurs délais un dispositif permanent et obligatoire de relocalisation. Les eurodéputés prônent un mécanisme souple qui permette de s’adapter aux flux et aux routes migratoires. Ils proposent également de prendre en compte autant que possible les préférences des demandeurs et des États membres, dans la mesure où cela favoriserait l’intégration des personnes relocalisées dans leur pays d’accueil tout en évitant les mouvements secondaires au sein de l’Union. La balle est à présent dans le camp des États membres, qui doivent faire preuve de courage politique à ce moment si décisif pour l’avenir de l’Union européenne.