Le 9 septembre dernier, la Commission européenne a présenté une nouvelle série de mesures pour mettre en œuvre son Agenda en matière de migrations. Parmi elles, un nouveau mécanisme obligatoire de relocalisation pour 120.000 demandeurs d’asile, depuis l’Italie, la Grèce et la Hongrie. Les ministres de l’Intérieur de l’Union se sont réunis dans la foulée le 14 septembre, mais n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur ces mesures d’urgence. Lors d’un débat en plénière le 16 septembre, les eurodéputés ont dénoncé cet échec du Conseil à apporter une réponse forte et unie à la crise des réfugiés et à l’urgence humanitaire. Ils ont décidé, dans la précipitation, de se prononcer formellement sur cette proposition de répartition équitable et obligatoire de 120.000 demandeurs au sein de l’Union, et ce afin de pousser les États membres à aller dans la même direction. Ces derniers seront attendus au tournant en vue du Conseil des ministres de l’Intérieur qui se réunira à nouveau le mardi 22 septembre.
N’ayant pas pu intervenir lors du débat en plénière, voici ma déclaration écrite:
« Il est regrettable de constater une nouvelle fois l’échec du Conseil à se mettre d’accord, ici sur la relocalisation d’urgence de 120.000 demandeurs d’asile. Il est également très inquiétant que seuls quelques États membres aient témoigné leur soutien en faveur de cette proposition. Face à l’urgence humanitaire qui sévit à nos portes et en notre propre sein, le temps des tergiversations est révolu. Nous ne pouvons plus nous permettre de multiplier les réunions de la dernière chance. Les États membres réticents à accueillir les réfugiés mettent à mal notre crédibilité à l’extérieur et menacent d’entraîner la fin de l’Union. Il est honteux de brandir la carte du repli sur soi quand il s’agit de sauver les vies de centaines milliers d’enfants, de femmes et d’hommes qui fuient la guerre et les persécutions. Au-delà des conditions dignes d’accueil et d’intégration à assurer, l’Union européenne et ses États membres sont également attendus pour renforcer la coopération au développement à l’égard de pays comme la Jordanie, le Liban ou la Turquie qui accueillent eux des millions de réfugiés. L’UE n’est pas uniquement un grand marché qui ne servirait qu’à se répartir des richesses, c’est aussi un projet commun avec des valeurs à défendre. »
Voici mon explication de vote sur les mesures de relocalisation:
« À travers ce vote, qui valide les nouvelles mesures de relocalisation d’urgence proposées par la Commission au bénéfice de 120.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, la Grèce et la Hongrie, le Parlement européen envoie un message fort à l’attention des États membres. Un appel déterminé à adopter urgemment des solutions réalistes et ambitieuses, respectueuses de nos obligations et engagements juridiques pour donner tout son sens au droit d’asile et au principe de non-refoulement. Il est inenvisageable que la prochaine réunion des ministres de l’Intérieur du 22 septembre se solde par un nouvel échec. L’inaction est une option à bannir, nous n’avons plus le temps de nous diviser. Bien que je regrette les modalités de cette approbation, selon une procédure accélérée qui n’a pas permis au Parlement de se pencher dans le détail de ce dossier essentiel, il était important de défendre ces mesures obligatoires de solidarité et de mettre le Conseil face à ses responsabilités. Si les eurodéputés ont soutenu la proposition de la Commission sans l’amender, cela ne préjuge en rien de la position qu’ils adopteront ultérieurement sur le mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation, sur lequel le Parlement co-décidera sur un pied d’égalité avec les États membres. »