Mercredi 9 mars j’ai participé au débat de lancement du cycle 2016 des Europ’After Hours organisé par l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) à Strasbourg aux côtés de Dauphinelle Clément, Directrice des affaires européennes à l’ENA et Sylvain Waserman, Directeur de GDS, le réseau de distribution du gaz à Strasbourg et sa métropole (ancien gaz de Strasbourg, aujourd’hui gaz distribution service). GDS porte aussi un projet innovant de distribution d’énergie thermique en partie lié à la production basée sur le recyclage des déchets, la station d’épuration et les bonnes pratiques environnementales. Cette rencontre portait sur l’accord international sur le climat à Paris (COP 21) et elle nous a permis d’aborder la question de « l’Union de l’énergie et la transition énergétique en Europe : quels leviers pour quels enjeux ? »
J’ai rappelé à cette occasion qu’en Ile-de-France les enjeux liés à la pollution sont importants pour la santé publique. Au Parlement européen, la commission des Transports se saisit pleinement des questions environnementales, notamment l’impact des émissions polluantes des différents modes de transports. C’est à ce titre que dans le cadre de la COP 21, la commission TRAN a donné plusieurs avis. Cependant, les transports ont été peu évoqués durant la COP21 ; alors même si l’accord de Paris est bon, je déplore la place des transports dans les discussions, car stratégiquement c’est dans les transports qu’il y a le plus de marge de manœuvre pour réduire les émissions de CO2.
Aujourd’hui, le Parlement européen continue de faire des propositions intéressantes pour aller de l’avant et pour réduire les émissions polluantes ; on parle de logistique verte, d’urbanisation intelligente, de mettre fin à la suprématie des énergies fossiles dans les transports et d’avancer vers d’autres motorisations afin de sortir de l’essence et du diesel. Des villes comme Stockholm ou Copenhague par exemple se sont ralliées au gaz et le système est optimal.
Chaque Etat décide comment il respecte son objectif de baisse d’émissions et il existe un consensus sur cette question entre plusieurs partis politiques mais il faut aller plus loin. Dans le secteur de l’aviation par exemple, les délais de transposition et d’application sont encore trop importants, ils peuvent parfois prendre plusieurs décennies. Mais le système avance ! Par exemple, dans le cadre de la commission d’enquête sur Volkswagen (EMIS, commission d’enquête sur les émissions polluantes des véhicules routiers) les préconisations seront essentielles pour contraindre les constructeurs, et en tant que membre de cette commission, je ferai tout ce qui est possible pour éviter que les tests sur les véhicules soient de nouveau tronqués. Le travail parlementaire que nous mènerons devra aller vers une diminution des subventions au diesel et la favorisation du gaz et du biogaz.
Sylvain Waserman, a rappelé que les enjeux liés à la transition énergétique en Europe dépendent de la capacité d’un territoire à se saisir des problématiques et à les traduire de façon concrète. Les villes les plus performantes en matière énergétique sont celles qui ont un acteur local qui met en place des stratégies de transition énergétique innovantes. GDS, par exemple, qui desserre 110 communes est en train de développer son réseau sur une base de 87% d’énergies renouvelables ; alors chaque territoire soit prendre ces responsabilités.
J’ai insisté sur le fait que les collectivités locales peuvent faire des choix politiques sur les énergies renouvelables. En matière de transports, la norme européenne Euro6 est la seule indication pour les collectivités, mais rien ne les empêche d’aller plus loin et de passer au GNV (Gaz naturel de ville). Aujourd’hui, il existe beaucoup de normes incitatives, mais elles sont peu contraignantes, ce qui freine considérablement la transition énergétique.
Dauphinelle Clément a souligné que le problème ne venait pas du manque de volonté politique, mais que l’articulation entre tous les niveaux d’autorité ne permettait pas toujours de développer l’innovation énergétique. Elle a aussi soulevé à juste titre la question de la création d’emplois durables et la destruction de l’emploi industriel. J’ai pu rappeler à ce sujet que nous sommes dans une période de mutation et que la lutte contre la pollution peut être très fructueuse en termes industriels et économiques ; mais pour cela il faut accompagner les gens vers la transition des emplois. Il est essentiel de mettre en place un accompagnement progressif pour se lancer vers une nouvelle stratégie et faire évoluer les métiers.