La traite des êtres humains constitue une des pires violations des droits de l’homme. Elle concerne principalement l’exploitation sexuelle et le travail forcé, mais aussi la mendicité forcée, le trafic d’organes ou encore les mariages forcés.
La commission LIBE a adopté ce jeudi 28 avril un avis sur la lutte contre la traite des êtres humains dans les relations extérieures de l’UE, à une très grande majorité (46 voix pour, 0 contre et 5 abstentions). La rapporteure, que je félicite pour son excellent travail, est Bodil Valero (du parti vert suédois).Ce texte, pour lequel j’ai assuré un travail de coordination en tant que rapporteure pour le groupe S&D, s’articule autour de trois grands axes : la prévention; l’aide et la protection des victimes; et le renforcement des poursuites pénales des responsables, à travers davantage de coopération policière et judiciaire entre les États membres. Il s’agit également de mettre en lumière le lien préoccupant entre le trafic des migrants et la traite des êtres humains, qui, s’ils sont à la base deux phénomènes bien distincts, peuvent parfois se confondre. En effet, certains réfugiés, particulièrement vulnérables, peuvent devenir victimes de réseaux criminels à des fins d’exploitation et de traite des êtres humains.
Le Groupe S&D a enrichi le projet d’avis, qui allait déjà dans la bonne direction, sur un grand nombre d’aspects. Parmi nos priorités, concernant les mineurs non-accompagnés, nous appelons à améliorer les procédures d’identification à leur égard, en particulier dans les centres d’accueil et les points de passage aux frontières. Afin de leur assurer une protection effective, nous demandons à ce que des tuteurs leur soient systématiquement attribués. Aussi, nous avions déposé un amendement pour demander l’interdiction de la rétention administrative pour les victimes de la traite et les enfants. Amendement que la droite a essayé lamentablement de faire tomber, heureusement sans succès, puisqu’il a été adopté.
Au sujet de la protection des victimes, il était très importantque le texte appelle à réviser la directive de 2004 sur la délivrance de titres de séjour pour les victimes de la traite des êtres humains. Aujourd’hui, les victimes peuvent obtenir un titre de séjour si et seulement si elles acceptent de coopérer avec les autorités dans le cadre d’enquêtes. Il est indispensable de changer la donne : les victimes de la traite devraient pouvoir recevoir un titre de séjour, même si elles ne sont pas en mesure de coopérer avec la police, par crainte de représailles. Elles sont avant tout des êtres humains qui ont besoin de protection et de soutien face au traumatisme qu’elles ont vécu.
Je me suis particulièrement impliquée pour que cet avis intègre le besoin de garantir la reconnaissance mutuelle des décisions concernant la protection des victimes de la traite.Cela veut dire que si une personne obtient le statut de victime dans un État membre, ce statut devrait être valable dans toute l’Union européenne. Ainsi, les victimes devraient pouvoir être aidées et soutenues au niveau européen en cas de non-reconnaissance de leur statut si elles se déplacent d’un pays à un autre de l’Union.
Enfin, je regrette le rejet de deux de mes amendements. Le premier appelait les États membres à coordonner davantage leur action dans la lutte contre la traite des êtres humains au niveau européen. Le second, rejeté à cause de la pression de la droite, demandait aux entreprises de présenter chaque année un rapport sur leurs mesures prises contre la traite et de mener plus d’inspections du travail sur le terrain, afin de mieux lutter contre le travail forcé.
Néanmoins, je me réjouis grandement de ce vote, qui permet d’aboutir à un très bon texte.