Jeudi 17 novembre, j’ai participé à la Commission Europe avec les militants socialistes du Val de Marne. Nous avons ainsi longuement échangé sur la résurgence des mouvements d’extrême droite, notamment avec le vote sur le Brexit et l’élection de Donald Trump, les accords du CETA ou encore la gestion européenne de la crise de l’accueil des réfugiés.
La tendance mondiale est au vote contestataire. Le Brexit, l’élection de Donald Trump, les élections présidentielles en Autriche ou encore les élections en Allemagne et l’émergence du parti de l’AFD ne font que confirmer cette analyse. Ces mouvements sont qualifiés de « populiste » alors qu’ils ne reflètent en rien les intérêts des peuples. Ils s’expriment dans un repli sur soi néfaste et nationaliste. Face à cette résurgence du vote nationaliste, il est crucial de réorienter l’Europe pour faire en sorte qu’elle se tourne en priorité vers les plus démunis.
Autre priorité, il faut repenser nos alliances et mettre fin à la grande coalition entre les sociaux-démocrates du groupe S&D et les conservateurs du PPE qui ne font qu’alimenter les discours nationalistes et le rejet de l’Union européenne. Début janvier, nous serons arrivés à la moitié du mandat du Parlement européen. Ce sera l’occasion de redéfinir notre stratégie. Afin de défendre le projet d’une Europe ouverte et inclusive, les socialistes doivent d’abord chercher des majorités avec la gauche et les écologistes.
Pour lutter contre l’émergence de mouvements nationalistes, il faut également plus que jamais repenser nos échanges à l’échelle du monde. Concernant le traité de libre-échange signé par l’UE avec le Canada, les députés de la DSF ont ainsi un avis très nuancé. Le débat lancé par le chef de gouvernement socialiste wallon Paul Magnette à quelques jours de la signature du CETA a posé plusieurs enjeux qui ont une résonnance particulière : la place des peuples dans les négociations des traités de commerce internationaux et la question de l’avenir de nos produits culturels ou d’origine protégées ainsi que de notre environnement normatif protecteur avec les tribunaux d’arbitrage privés.
Une autre question se pose : celle de l’intérêt économique d’un tel accord. En effet, les résultats économiques espérés sont déséquilibrés. Alors que le Canada espère tirer un bénéfice de 8 milliards d’euros pour une population de 35 millions d’habitants, l’Europe espère une augmentation de ses richesses de l’ordre de 11 milliards d’euros pour une population de 500 millions d’habitants.
Face à ces constats, les députés de la DSF ont de très grosses réserves sur le CETA. Comme l’a exprimé Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, au groupe S&D, il faut renforcer les règles du commerce mondial plutôt que de conclure entre les Etats des traités de libre-échange. Il n’est plus pensable que la mondialisation ne bénéficie qu’à un petit nombre de privilégiés, l’avenir de l’Union européenne réside aussi dans notre capacité collective de penser collectivement notre destin.
Avancer vers une Europe plus inclusive et plus politique est un sujet qui concerne également l’accueil des réfugiés dans l’Union européenne. Dans 20 ans, l’Europe aura honte de son passé. En effet, alors que la Grèce et l’Italie accueillent la plupart des primo-arrivants depuis la fermeture de la route des Balkans et que l’Allemagne et la Suède ont déjà fait un effort important, les autres pays de l’Union européenne doivent repenser leurs politiques d’accueil. Alors que le Parlement et la Commission se sont engagées à de nombreuses reprises en faveur de l’accueil des réfugiés, les Etats doivent mettre en œuvre le processus de relocalisation car ce dernier ne fonctionne pas efficacement, les Etats refusant de participer à l’accueil des réfugiés de manière solidaire.
Lors des échanges, de nombreux intervenants ont souligné leurs craintes quant à la pérennité de l’Union européenne dans sa forme actuelle. Ils ont également exprimé leur souhait d’une Europe fédérale, d’une Europe de la défense et enfin d’une Europe sociale et inclusive qui dépasse les simples questions budgétaires.
Pour cela, le Parlement européen compte proposer des réformes institutionnelles. 3 rapports sont ainsi en cours d’élaboration pour proposer des modifications du cadre institutionnel du traité de Lisbonne (rapport de Mme Bresso et de M. Brock), dans le cadre d’un projet de réforme institutionnel plus global (rapport de M. Verhofstadt), ainsi que la mise en place d’un projet de capacité budgétaire au sein de l’Union Economique et Monétaire (UEM) (Rapport de Mme Bérès et de M. Böge).
Alors que nous n’avons jamais eu autant besoin d’Europe, les progressistes doivent plus que jamais faire des propositions pour l’Europe de demain, je serai ainsi les 2 et 3 décembre prochain à Prague à l’occasion du Conseil du Parti Socialiste Européen (PSE).