les extrémismes en Europe et dans le monde contre les droits essentiels des femmes

Geneviève Couraud, Présidente de L’Assemblée des Femmes m’a invitée le 25 août à intervenir à l’occasion de leur université d’été qui se tenait à la Rochelle dans la table ronde : « les extrémismes en Europe et dans le monde contre les droits essentiels des femmes ». La table ronde était composé de Claire Donzel, Trésorière de l’ADF, Carine Delahaie, Rédactrice en chef de Clara Magazine, Nina Sankari, de l’Association Kazimir Leszczynski, Varsovie, Pologne, Gisèle Gûzel-Koc, féministe turque, Shoukria Haïdar, Afghane.

Les femmes sont les premières victimes des extrémistes à travers le monde. Les extrémistes imposent aux femmes un modèle de soumission et bafouent leurs droits : droit à disposer de son corps, droits sexuels et reproductifs, droit à l’instruction, droit à l’autonomie, droits politiques et économiques.  Pourquoi ? Parce que le corps et les droits des femmes sont éminemment politiques.

Simone de Beauvoir écrivait : « il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ». En Europe et dans le monde, des régimes autoritaires piétinent le droit des femmes dans une dérive ultra-conservatrice. On observe une crise majeure de la démocratie, de l’État de droit et du respect des droits fondamentaux. En Pologne et en Hongrie par exemple, les régimes en place veulent instaurer une démocratie « illibérale » – mot utilisé par Orbán lui-même. Ce sont des attaques systématiques dans tous les domaines. Ils multiplient les rhétoriques xénophobes, les mesures liberticides, le musèlement des médias et les violations du droit européen.

Quelques exemples en Pologne et en Hongrie. Le gouvernement polonais, du parti Droit et Justice (PIS), a d’abord ciblé les femmes : un projet de loi devait interdire l’avortement, alors que la législation actuelle est l’une des législations les plus restrictives d’Europe. L’avortement est seulement autorisé en cas de viol ou d’inceste, de graves pathologies du fœtus, ou de risques avérés pour la santé de la mère. Grâce à la mobilisation des citoyens polonais, le gouvernement a reculé. Mais il ne s’arrêtera pas là, il reviendra avec un autre projet. Le parlement polonais a voté le 24 mai une loi limitant l’accès à la pilule du lendemain. Ce contraceptif d’urgence sera désormais accessible uniquement sur prescription médicale. Sous le gouvernement précédent, la pilule du lendemain était accessible sans ordonnances depuis 2015. Le gouvernement polonais a coupé les fonds de plusieurs ONG qui travaillent à la défense des femmes et des enfants.

La Hongrie apporte publiquement son soutien aux mesures polonaises contre « Bruxelles ». De plus en 2011, le gouvernement a lancé une campagne d’affichage anti-avortement dans le cadre d’un programme pour l’équilibre vie privée et vie professionnelle. La publicité était une photo d’un fœtus qui s’adressait à sa mère : « je comprends que tu ne sois pas prête mais abandonne moi plutôt à une agence d’adoption, laisse-moi vivre »

Les extrémistes prétendent défendre la culture, la religion, la tradition pour justifier les attaques contre les femmes. L’égalité entre les femmes et les hommes est perçue comme une menace pour leur modèle de société basée sur la domination. La Hongrie et la Pologne mettent en avant la protection de la famille et les intérêts des familles traditionnelles avant les intérêts des individus, au détriment du droit des femmes.

La Convention d’Istanbul énonce clairement que la culture, la religion et la tradition ou le soi-disant « honneur » ne sont en aucun cas des justifications d’une forme de violence contre les femmes.

Que faire ? Comment lutter ? C’est un très long combat, qui demande un changement profond des mentalités sur le long terme mais également une meilleure protection des femmes à court terme. Si les états bafouent les droits des femmes, la communauté internationale et européenne doit réagir.

Le rapport sur l’adhésion de l’Union Européenne à la Convention d’Istanbul ; premier instrument international juridiquement contraignant sur les violences faites aux femmes. Tous les États de l’UE ont signé la Convention mais 14 doivent encore la ratifier, dont la Hongrie. La Convention est entrée en vigueur en Pologne en aout 2015. C’est de notre devoir de rappeler à ces états leurs obligations et c’est ce que j’ai fait dans mon rapport. Et je me suis indignée d’un possible retrait de la Pologne de la Convention d’Istanbul. Cela serait une catastrophe pour les femmes polonaises, une régression sans précédent.

L’adhésion de l’Union  à la Convention d’Istanbul permettra la mise en place d’un cadre législatif cohérent à travers l’Union pour protéger toutes les femmes ; où qu’elles vivent en Europe. L’Union doit protéger ses citoyens hongrois, polonais etc., être un contre-pouvoir quand leurs gouvernements autoritaires tentent de bafouer les droits. Face aux extrémismes, l’Europe doit agir comme un bouclier pour assurer leurs droits aux femmes en tout temps et qu’importe la situation politique, économique et sociale.

Il faut instaurer un changement durable des mentalités, approche globale et holistique comme préconisé dans la Convention : éducation, indépendance financière des femmes, lutte contre le sexisme et les messages dégradants dans les médias et la publicité, formation des professionnels, reconnaitre que ne peut pouvoir choisir sa vie est une violence extrême (déni d’avortement) etc.  Tous ces éléments sont pris en compte dans mon rapport.

Quelques mots plus précis sur :

L’éducation est le vecteur le plus puissant pour opérer ce changement de société. Il faut apprendre, dès le plus jeune âge, l’égalité entre les hommes et les femmes comme un droit fondamental et apprendre la non-discrimination. Aussi l’éducation aux autres cultures et à la pluralité des opinions. Cela rend notre société plus tolérante, plus respectueuse.

La mobilisation citoyenne est également importante. Dans l’histoire, les femmes se sont souvent battues contre un ordre moral ou religieux. En Pologne et en Turquie, la mobilisation des femmes ont fait plier les gouvernements les plus conservateurs. Il faut résister.

 

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