Après le 11 novembre

En se souvenant des combats de la Première guerre mondiale et en
célébrant le centenaire de la fin de cette grande boucherie, c’est
bien le drame humain qui fut au cœur des souvenirs, plutôt que la
dimension géopolitique.
On a rappelé les chiffres impressionnants des morts, des mutilés, des
obus tirés et qu’on peut encore déterrer régulièrement sur ce
qu’étaient les champs de bataille.
Et chacun sait qu’aucune leçon ne fut tirée de cette grande folie
puisque d’autres guerres suivirent.
Les mouvements de frontières jetèrent sur les routes des millions de
personnes qu’on disait alors « déplacées ». Il s’agissait de réfugiés
et de migrants qui fuyaient la guerre, les persécutions et la misère.
Toute ressemblance avec des faits actuels n’est pas fortuite !
L’Empire ottoman commis le terrible génocide des Arméniens puis la
Turquie se lança dans une guerre contre les Grecs qu’elle chassa,
laissant des blessures encore vivantes et le Kurdistan qui devait voir
le jour, fut étouffé sous le nationalisme turc.
Les Traités de l’après-guerre provoquèrent l’humiliation des
Allemands, nourrissant en partie ce qui allait devenir le nazisme. Dès
1919 d’ailleurs, le fascisme devait voir le jour en Italie.
Dans bien des cas, la Société des nations échoua dans sa mission. Bien
avant Trump, le Congrès américain refusa d’ailleurs que le Président
Wilson engage son pays à jouer un rôle dans ce qui était un embryon de
Communauté internationale.
L’Europe d’un vaste champ de bataille devenait un chantier de taille
pour quelques visionnaires comme Aristide Briand, un homme de gauche,
ou Coudenhove-Kalergi qui a un temps d’avance avec ses idées
pan-européennes, trop généreuses pour leur temps.
Alors que l’hystérie des chauvinismes et l’impérialisme avaient eu
raison de la paix en 1914, les années 20 et 30 furent celle du
nationalisme. Et malgré l’émergence du keynesianisme et l’installation
durable du modèle nordique d’Etat providence en Suède, ce furent le
nationalisme et l’autoritarisme qui se répandirent dans toute
l’Europe.
La démocratie parlementaire fut toujours contestée, parfois testée et
souvent renversée. De Lisbonne à Berlin, de Rome à Bucarest, on
n’entendit bientôt plus que des bruits de bottes.
Pour la gauche européenne, la grande guerre fut aussi une épreuve.
L’unité des socialistes se brisa malgré les efforts de Jaurès,
l’apôtre de la Paix y laissa la vie, sous les balles d’un exalté,
nationaliste…
Ce fut la grande division que la Révolution russe vint accroître. On
connaît la suite. Le communisme fut dévoyé par les bolcheviks russes
en un nouveau totalitarisme.
L’affrontement entre nationalistes et leurs alliés conservateurs et la
gauche tourna à la confrontation armée en Hongrie et Allemagne, quand
il ne dégénéra pas en Autriche ou en Espagne.
Cent ans après, le nationalisme n’a pas disparu. Il a revêtu parfois
de nouveaux habits. Mais comme les soldats de 14-18, il a appris les
vertus du camouflage et du retranchement.
A la Conférence de la Paix a succédé le forum pour la Paix imaginé par
Emmanuel Macron, mais comme pour les traités de l’après-guerre, il
passe à côté de l’essentiel. La guerre civile continue de décimer le
peuple yéménite, les Rohingyas continuent de souffrir, la question
palestinienne n’est pas réglée, la corruption des régimes anti
démocratiques se poursuit tant que les affaires continuent.
Le centenaire de la Pologne vient d’être gâché par les nationalistes
et le pouvoir, au lieu d’y opposer une marche des démocrates, a décidé
de se mettre à la remorque de l’extrême droite, un centenaire boudé
par l’Europe…
Voilà un signe de plus que la paix n’est jamais acquise.
Nous autres socialistes, avons compris que l’unité est essentielle. La
fragmentation du Parlement européen qui vient risque d’affaiblir la
décision politique dans une Union affaiblie par les égoïsmes
nationaux.
Voilà pourquoi les sociaux-démocrates européens doivent affirmer qu’un
autre chemin est possible.

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