Le 17 mai dernier, j’ai organisé une rencontre-débat à Villejuif, à la fois pour revenir sur la situation actuelle de l’Union européenne, sur mon travail au Parlement européen et aussi pour échanger avec les citoyens.

En introduction, j’ai dressé un portrait critique de l’Union européenne. Les traités de Maastricht et de Schengen n’ont en effet pas apporté comme prévu davantage de solidarité dans l’Union européenne. Il y a peu de convergence économique et sociale et l’Europe semble gagnée par le chacun pour soi tandis que les populismes et les souverainismes prospèrent. Pourtant face à ce constat, un autre horizon est pourtant possible et je veux croire dans l’Europe de demain.
J’ai tenu à présenter le travail que j’effectue au quotidien au Parlement européen.
Membre de la commission des transports et du tourisme (TRAN), je travaille essentiellement sur les problématiques liées aux transports et au développement durable, les dossiers liés à la lutte contre le dumping social dans le secteur des transports ou encore le paquet ferroviaire, qui a pour ambition de créer un espace ferroviaire européen unique. Suite au scandale Volkswagen, j’ai également rejoint la commission d’enquête parlementaire sur les mesures des émissions dans le secteur automobile (commission EMIS). Au sein de cette commission, nous avons pour mission d’enquêter sur les atteintes et les manquements de la Commission européenne, des Etats membres et des industriels aux normes en vigueur concernant les tests d’émission de polluants. En tant que rapporteure pour le groupe des Socialistes et Démocrates, j’ai une responsabilité particulière afin de m’assurer que toutes les interrogations des progressistes européens trouvent une réponse.
Enfin en tant que membre de la commission des libertés civiles, des affaires intérieures et de la justice (LIBE), je m’atèle particulièrement à la promotion d’une Europe plus solidaire, ouverte et protectrice. Je défends une politique ambitieuse d’accueil des demandeurs d’asile et la révision complète du Régime d’Asile Européen Commun et milite également pour un pacte européen de la démocratie, de l’état de droit et des droits fondamentaux, pacte plus que jamais nécessaire alors que les valeurs de l’Union européenne ne sont pas toujours respectées par les Etats. Par ailleurs, mon engagement pour les droits fondamentaux se poursuit dans la lutte contre les violences faites aux femmes, et dans la lutte contre la traite des êtres humains.

Après le temps de la présentation est venu le temps du débat avec la salle. J’ai ainsi répondu à de nombreuses questions sur mes engagements quotidiens et sur l’avenir de l’Union européenne.
Alors que l’Union européenne est frappée par une crise qui frappe ses valeurs et sa cohésion, de nombreuses interrogations ont porté sur son avenir. L’Union européenne apparaît pour certains lointaine, d’autres se demandent comment proposer un pas en avant plus politique alors que l’Europe est aujourd’hui composée de vingt-huit Etats membres. A mon sens, il est nécessaire de modifier les traités pour refonder l’Union européenne. Il ne s’agit pas de tout déconstruire, de céder aux populismes et aux souverainismes. Bien au contraire, il faut plus de démocratie, plus de respect des valeurs et une meilleure prise en compte des citoyens. Au cours des échanges, j’ai tenté de convaincre ceux que l’Europe a perdu en chemin en rappelant que l’Union européenne s’est construite pour et dans la paix. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, l’Europe est plus belle lorsqu’elle n’est plus divisée en deux blocs.
A ce titre, j’ai rappelé mon engagement en faveur du Bremain, ne croyant pas que la sortie du Royaume-Uni de l’Union soit une avancée pour l’Europe politique. Bien au contraire, il risque d’être un précédent terrible pour l’Union européenne, son devenir et pour ses peuples. Comme l’ont souligné certains intervenants, la refondation européenne devra aussi se faire dans la zone euro autour d’un véritable budget commun.
Cette refondation doit se poursuivre dans la recherche d’une nouvelle majorité à l’intérieur du Parlement européen. D’abord à gauche avec la GUE, les écologistes. Comme certains intervenants de la salle, je ne crois plus dans les grandes majorités unifiant la gauche et la droite. Entre d’un côté les libéraux et de l’autre les populistes, il y a une autre voie possible, plus sociale, plus écologique et plus respectueuse des droits. La majorité de droite au Parlement européen et la victoire du FN aux dernières élections européennes laissent malheureusement peu de marges de manœuvre aux eurodéputés socialistes français. Par ailleurs, il est délicat de convaincre les citoyens de cette refondation alors que les médias français s’intéressent peu à l’Europe et invitent beaucoup souverainistes et populistes et peu les eurodéputés pro-européens lors des débats sur l’Union européenne.
D’autres interrogations ont également porté sur le TTIP et le CETA. A ce titre, j’ai rappelé les grandes réserves des députés socialistes français sur ces deux traités, notre souhait pour davantage de transparence dans les négociations et notre volonté de préserver les normes de protection européenne, qu’elles soient sociales ou environnementales.
Autre sujet sur lequel j’ai été interpelée, la directive « secret des affaires ». J’ai expliqué pourquoi j’ai voté en faveur de cette directive. Elle comprend a pour objet initial de protéger les entreprises et les PME de l’espionnage industriel. Elle porte en outre de nouvelles protections pour les lanceurs d’alerte, protections ayant été apportées dans la directive grâce groupe S&D.
Cette rencontre s’est ensuite poursuivie autour d’un buffet convivial. Cette rencontre-débat fut l’occasion d’un échange construit et sans langue de bois, ce dont je me réjouis. Mais, défendre l’Europe au quotidien n’est pas l’apanage des seuls députés européens. Bien au contraire, face à la montée des extrêmes, chacun doit se faire le premier défenseur de l’Union européenne. Car l’Union européenne a un avenir. Et cet avenir, nous devons l’écrire ensemble.