Prévention de la radicalisation et du recrutement de combattants européens par des organisations terroristes

On estime que plus de 5000 Européens ont rejoint les rangs d’organisations terroristes comme Daech. Le processus de radicalisation menant au terrorisme et à l’extrémisme violent est un phénomène aux facettes multiples, évolutives et multidimensionnelles, qui appelle à une réponse européenne commune. S’il est important d’agir dans l’immédiat pour protéger les Européens, cela ne suffira pas pour endiguer le recrutement de citoyens de l’Union par des groupes terroristes. Il faut également des solutions à plus long terme, qui passent par le développement et le financement de politiques préventives. Le Parlement a souhaité apporter sa contribution à ce débat en adoptant aujourd’hui le rapport d’initiative de Rachida Dati. Grâce au Groupe S&D en particulier, le contenu du texte a été amélioré. Notamment, les socialistes européens ne cesseront d’affirmer avec force l’importance de l’éducation et des politiques d’inclusion et de non-discrimination pour contrer ce phénomène de société qui touche des femmes et des hommes vulnérables de toute origine sociale. Aussi, nous avons tout fait pour que ce rapport n’adopte pas une approche fallacieuse et dangereuse qui relierait la religion, les réfugiés et le terrorisme; un point auquel je suis très attachée.

A l’occasion de mon intervention lors du débat en plénière mardi 24 novembre, j’ai pu présenter quelques propositions d’actions concrètes contenues dans le rapport.

Voici le texte de mon intervention:

« Madame la Présidente, face aux attaques terroristes tragiques qui frappent l’Union européenne et au-delà, nous devons prendre des mesures fortes pour assurer la sécurité des Européens. Mais il faut aussi nous attaquer aux racines de la radicalisation violente qui touche des jeunes européens de toutes origines sociales.

C’est l’objet de ce rapport et le groupe de l’alliance progressiste des socialistes et démocrates y a largement contribué. Nous appelons à développer et à financer les politiques préventives et de long terme, d’abord à l’école, dans les quartiers, mais aussi sur internet, avec une mobilisation de tous. Les acteurs de terrain, comme les associations et les éducateurs, doivent bénéficier de moyens, de formations pour travailler auprès des populations les plus sensibles aux discours de haine et détecter le plus tôt possible les signes de radicalisation violente. Il est important aussi d’aider les familles, notamment par le biais de plateformes téléphoniques de signalement et d’écoute. Enfin, les entreprises d’internet doivent s’engager à faire plus pour effacer les messages de haine incitant au terrorisme.

Mais soyons responsables et évitons les amalgames dangereux. D’une part, c’est le dévoiement de la religion et jamais la religion elle-même qui peut mener à la radicalisation violente et, d’autre part, les réfugiés ne sont pas coupables de terrorisme, ils en sont les premières victimes. »

Voici le texte de mon explication de vote:

« La lutte contre le terrorisme est un combat que l’Europe entière doit mener. C’est une épreuve qui nous touche tous et qui appelle à plus de solidarité européenne. Parmi les actions à entreprendre, la question de la prévention de la radicalisation menant au terrorisme a toute son importance. Arrêtons de parler de combattants « étrangers », il s’agit bien d’Européens qui s’attaquent à d’autres Européens. Les terroristes qui ont commis ces atroces attentats à Paris étaient Français ou Belges. Cessons aussi les amalgames dangereux entre musulmans et terroristes d’une part mais aussi entre terroristes et réfugiés, ce sont ces derniers les premières victimes de Daech.

C’est pour démontrer leur engagement dans ce combat que les eurodéputés ont adopté aujourd’hui ce rapport. Même si le texte voté aurait gagné à être plus concis et ciblé, il aboutit tout de même à un ensemble équilibré, grâce à l’influence des socialistes européens. Il présente un ensemble de propositions concrètes visant à prévenir la radicalisation, en agissant notamment aux origines de ce phénomène ; dans les prisons, sur Internet et les réseaux sociaux, et en rappelant le rôle fondamental de l’école, et en mobilisant tous les acteurs concernés. »