L’alliance droite extrême droite autrichienne prend la présidence du Conseil européen. Non ce n’est pas une présidence comme une autre!

Voici ma déclaration écrite suite à la présentation par le Chancelier autrichien de la présentation de son programme d’activités pour le semestre qui s’ouvre 
« Nous vivons une époque particulière avec l’émergence, partout en Europe et dans le monde, de ceux qui prônent l’exclusion et la haine. L’Union européenne et a fortiori son Conseil doivent montrer qu’il n’y a pas de place, ici, pour les idées d’extrême-droite. Mais voilà que l’État qui préside ce Conseil s’est allié à un parti d’extrême-droite, en leur offrant les ministères cruciaux de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Comment pouvons-nous l’accepter? C’est contraire aux valeurs de l’Europe, à nos traités et nos principes humanistes. J’observe déjà avec inquiétude l’effet d’une telle Présidence, à commencer sur l’asile. Notre proposition sur Dublin est tout simplement abandonnée- ce qui témoigne d’un mépris total pour notre travail – et remplacée par des mesures de sécurité aux frontières extérieures : le si bien nommé « axe » avec les ministres italien et allemand. Pensez-vous ainsi flatter l’opinion publique ? Vous avez tort, les citoyens veulent des solutions durables et en ça, vous ne réglez rien ! Je m’inquiète également de vos positions sur les questions sociales : comment allez-vous travailler sur les textes du paquet mobilité que nous allons voter demain ? Défendrez-vous les droits des travailleurs et des mesures en faveur d’une concurrence loyale dans ce secteur ? »

Autriche : le silence assourdissant de la France et de l’Europe

Communiqué de la Délégation socialiste française

Il y a trois jours, l’extrême droite est revenue au pouvoir en Autriche, presque 18 ans après le Gouvernement Schüssel. Le Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ) a beau abriter des néo-nazis, tenir des discours ouvertement racistes et islamophobes, siéger comme le Front national au sein du groupe Europe des Nations et des Libertés au Parlement européen, seuls les socialistes français et européens ont à la fois dénoncé son entrée au Gouvernement et le fait qu’il obtienne pas moins de trois ministères régaliens, l’intérieur, la défense et les affaires étrangères parmi six ministères au total.

Comme c’était prévisible, la droite européenne se félicite de cette coalition. Et comme M. Wauquiez en France, la droite européenne regarde son avenir vers l’extrême droite : c’est ce qui explique que V.Orban soit toujours protégé par le Parti Populaire européen, comme si la politique menée en Hongrie était conforme aux valeurs fondamentales.

À peine plus étonnant, la Commission européenne ne dit rien : elle a déjà beaucoup de mal à agir face aux attaques contre l’État de droit en Pologne ; aussi elle reste muette lors de chaque midday press briefing.

Reste le silence assourdissant des autorités françaises alors même qu’elles se présentent volontiers comme progressistes et pro-européennes. Le président de la République a dit jouer la carte des valeurs contre l’extrême droite et s’apprête à présenter la même pièce de théâtre pour les élections européennes. Pourtant, l’extrême droite arrive au pouvoir en Europe, dans une position de force sans précédent, et il ne dit rien ? Quel est donc le mot d’ordre d’En Marche face à l’extrême droite dans ces hypothétiques circonscriptions européennes ?

La France doit clairement refuser de laisser la Présidence du Conseil à l’Autriche en juillet prochain tant que l’extrême droite sera associée à ce gouvernement. Pour notre part, nous sommes fiers d’appartenir à une gauche, celle de Lionel Jospin, qui avait pris la tête d’un vaste mouvement pour sanctionner l’Autriche lors de l’arrivée au pouvoir du FPÖ en 2000.

On entend d’ici la prudence prêchée dans les allées de l’Elysée : « nous serons vigilants, mais hausser le ton est contreproductif, nous avons besoin de l’Autriche ». Ce faisant, M. Macron incarne une droite affairiste, celle qui est prête à faire des affaires avec n’importe quoi, tant que cela lui bénéficie, quitte à renoncer aux valeurs dont il s’est emparé par pur calcul électoral lors de la présidentielle. Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre, d’observer la politique menée par la France à destination des migrants, « d’une dureté sans précédent », selon Le Monde. Dans le cynisme jupitérien, il va pouvoir présenter comme modérée sa gestion du défi migratoire. Déjà, M. Collomb prétend dans les médias mener une politique « raisonnable et humaine » ; pendant ce temps, la police de la République, dont il a la responsabilité, jette les couvertures des exilés, détruit les abris de fortune, s’empare des sacs de couchage, lacère les toiles de tente des migrants à Paris. En France, patrie des droits de l’Homme. En plein hiver, au XXIème siècle. Après un discours de campagne qui prônait l’accueil des réfugiés comme un honneur pour la France.

Les membres de la délégation socialiste française se félicitent d’appartenir à « l’ancien monde », celui où la gauche et la droite ce n’est pas pareil, celui où les alliances avec l’extrême droite ne sont pas acceptables, celui où les mots « droits fondamentaux », « démocratie », « État de droit » ont un sens. Celui de la résistance, celui qui ne vote pas les pleins pouvoirs à Pétain, celui qui refuse les accords de Munich. Parce que la lâcheté et les calculs politiques à la petite semaine dominent manifestement la politique dans ce « nouveau monde », nous plaidons une nouvelle fois pour un mécanisme européen de respect des droits fondamentaux. Le « nouveau monde » est capable de faire preuve d’autorité pour faire respecter des règles absurdes de dette et déficits ; ne le serait-il pas pour mettre en place un mécanisme similaire pour défendre la démocratie ?

Autriche : le pire n’est jamais sûr, l’esprit de résistance existe

Communiqué de la délégation socialiste française au Parlement européen

Les Autrichiens ont élu Alexander Van der Bellen président de la République. Premier réflexe, pousser un grand « ouf ! » de soulagement et féliciter les électeurs autrichiens qui ont fait barrage au FPÖ.

Mais cette nouvelle alerte à l’extrême droite dans un pays membre de l’Union européenne, de la zone euro, doit être prise au sérieux. A chaque élection nationale, tout se passe comme si nous attendions, tétanisés, qu’un scrutin dans un État ramène l’Europe 60 ans en arrière.

Face à cette situation, nous appelons à une réponse européenne : ensemble, nous devons refonder la social-démocratie européenne pour lutter contre l’extrême droite et armer nos concitoyens dans la bataille de la mondialisation. C’est le sens de l’appel parlementaire du 9 mai : http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/09/pour-une-refondation-profonde-de-l-union-europeenne_4915966_3232.html.

Chacun doit faire preuve de responsabilité et de clarté : les partis de Gouvernement ne peuvent avoir aucune complaisance électoraliste à l’égard des idées extrémistes car, ce faisant, ils ne font que faire progresser des partis et des dirigeants dangereux pour la démocratie. Ils doivent s’interdire toute coalition avec des partis extrémistes et ne tolérer aucune dérive en leur sein. À ce titre, nous appelons les partis européens à agir fermement, que ce soit le PPE avec M. Orban ou le PSE avec M. Fico.

Si les électeurs autrichiens ont réussi à faire barrage à l’extrême droite, la menace brune est bien présente. Nous devons l’anticiper et, partout, la combattre. Parce que les forces qui sont à l’œuvre en Autriche sont aussi actives en Hongrie ou en Pologne et ailleurs en Europe, nous insistons sur l’importance d’un pacte européen pour les droits fondamentaux, pacte sur lequel travaille actuellement le Parlement européen.

L’Union européenne dispose de plusieurs instruments pour défendre ses valeurs : cadre de l’Union pour l’État de droit, procédure de l’article 7 du traité de l’Union européenne, procédures d’infraction devant la Cour de justice de l’Union européenne. Mais il n’existe aucun mécanisme de contrôle systématique et complet pour garantir l’effectivité de ces droits à l’échelle de l’Union.

Le pacte que nous préconisons s’inspire du pacte de stabilité et de croissance : il serait assorti de mesures de prévention et de possibles sanctions – économiques et politiques – au cas où un État membre serait coupable de violations des droits fondamentaux et refuserait d’y remédier.

La mise en œuvre de ce pacte se ferait autour de plusieurs mécanismes :

– un tableau de bord européen des droits fondamentaux pour chaque État membre ;
– un dialogue annuel sur les droits fondamentaux au sein des parlements nationaux, du Parlement européen et du Conseil ;
– mieux légiférer en garantissant la protection des droits de l’Homme ;
– utiliser l’article 2 du Traité et la Charte des droits fondamentaux comme bases juridiques pour les procédures d’infraction menées à l’encontre des États.

L’Europe de demain ne peut pas se construire en dehors du respect des droits fondamentaux ; ils sont la condition même de l’existence du projet européen. L’Europe doit se saisir de ce pacte et être en première ligne face aux marchands de mensonges et de haine !