Mercredi 30 mars j’étais à la fédération socialiste de l’Essonne pour une réunion de présentation de mes activités parlementaires. Répondant à l’invitation de Carlos Da Silva, Député de l’Essonne, Conseiller régional et Premier secrétaire fédéral, nous avons échangé sur l’actualité européenne avec de nombreux militants. Je tiens à les remercier pour leur accueil convivial et les échanges constructifs que nous avons eus ensemble. Le premier fédéral a ouvert les débats en rappelant qu’il est essentiel de travailler au quotidien à construire une Europe plus juste, plus solidaire et plus sociale. Il a également rappelé qu’il existait une politique européenne efficace et qui aide les collectivités territoriales à se développer.
Cette réunion fut l’occasion de revenir sur le contexte particulier dans lequel l’Union européenne évolue aujourd’hui. Les dramatiques attentats qui ont eu lieu à Bruxelles le mardi 22 mars dernier ont touché tous les européens et imposent un sursaut européen pour lutter contre le terrorisme et ses causes. Il faut répondre à ces attaques de manière ferme, démocratique et sans angélisme.
Le PNR (Passenger Name Record) qui est une proposition de directive européenne et qui prévoit le traitement des données des passagers aériens, est un des outils pour lutter contre le terrorisme. Aujourd’hui, il existe dans 15 pays sur 28, mais il est urgent de le décliner à l’échelle européenne et de le rendre opérationnel rapidement. Les médias accusent la gauche européenne, au même titre que l’extrême droite, de s’opposer au PNR ; mais même si une majorité de la gauche bloque ce dossier, il s’agit pour les sociaux-démocrates de faire voter un texte concomitant sur la protection des données personnelles. Au sein de la Délégation socialiste française, et dans la lignée du gouvernement français, nous sommes en faveur du PNR ; c’est pourquoi nous serons favorables au texte qui devrait être soumis au vote en avril ou en mai prochain.
J’ai également rappelé aux militants que d’autres éléments importants rentrent en ligne de compte dans la lutte contre le terrorisme. La révision de la directive sur les armes à feu en constitue un autre élément clé. Aujourd’hui, la coordination et l’échange d’informations sont insuffisants en matière de trafic d’armes. Par ailleurs, il faut aussi s’attaquer à l’assèchement du financement des organisations terroristes et mettre en place de nouvelles mesures contre le blanchiment d’argent. Cette lutte contre le terrorisme passe également par l’échange systématique des informations et par la prévention de la radicalisation. Sur ce dernier point, il était important de rappeler, que ce travail doit se mener dans toutes les zones sensibles, en France et en Europe.
Au cours de ma présentation je suis revenue sur les rapports de force entre les blocs qui s’affrontent au sein de l’Union européenne : les populistes, les ultralibéraux et les progressistes. Dans le contexte actuel, que tout le monde connait, les populistes s’évertuent à tuer l’Europe à petit feu. Ils sont élus pour financer leurs campagnes électorales et sont totalement absents des débats parlementaires. Les ultralibéraux, quant à eux, veulent une Europe sans droits sociaux. En commission des Transports par exemple, la dimension sociale prend une place très importante dans les débats ; mais les ultralibéraux éludent et repoussent sans cesse les questions sociales en mettant en difficultés beaucoup de votes. Pour nous, les progressistes, l’objectif est toujours la réorientation de l’Europe. Nous menons des alliances avec les autres groupes progressistes afin de mettre en place une Europe plus politique. Dans le cadre de l’affaire Volkswagen et du Dieselgate, nous avons trouvé cette alliance allant des Libéraux jusqu’à la GUE avec les écologistes ce qui a permis de mettre en place la commission d’enquête EMIS (chargée d’enquêter sur les fraudes aux émissions polluantes des véhicules routiers) dans laquelle je siège aujourd’hui.
Je suis également revenue sur l’accueil des réfugiés et sur l’accord contestable qui a eu lieu le 19 mars entre l’Union européenne et la Turquie. Le mécanisme de répartition des réfugiés pays par pays est une idée du Parlement européen, mais il ne faut pas négliger les conditions d’accueil et il faut mettre les moyens financiers nécessaires pour accueillir dignement les migrants. La proposition de répartition qui figure dans la proposition de la Commission a été reprise dans quelques pays européens, comme la France ; mais d’autres pays l’ont rejetée. Par ailleurs, nous travaillons aussi sur le renforcement de l’Etat de droit et la mise en place d’un réel pacte sur l’Etat de droit pour faire valoir les droits sociaux dans toute l’Union européenne et pour tous, citoyens européens, migrants, demandeurs d’asile, …
Lors de l’échange avec la salle, la question du TTIP (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement) a également été abordée. Les militants étaient étonnés de savoir que les conditions de consultation des textes sont très contraintes (dans une petite salle, en présence d’une personne, pas le droit de prendre des notes, pas de téléphone portable ou d’ordinateur de travail, …) et n’incitent pas les parlementaires à travailler sur le sujet. Par ailleurs, cela ne conditionne pas le bon déroulement des échanges. Les négociations sur le sujet sont très clivées et certaines lignes rouges, comme la mise en place des tribunaux arbitraires, divisent les membres du Parlement européen. A ce rythme, le texte risque d’être en débat encore longtemps et nous sommes bien loin d’une négociation finale.
Une question a été posée sur le rôle de l’Union européenne sur sa politique internationale. L’occasion de rappeler que les affaires étrangères relève de la souveraineté des Etats membres qui ne souhaitent pas s’en déssaisir. Mais je pense qu’il faut accepter que l’Europe prenne le relais pour mettre en place une réelle diplomatie internationale. Beaucoup d’autres questions ont été soulevées. Comme la mise en place du plan d’investissement dit plan Junker ou la gestion des fonds européens par les régions. Un thème essentiel sur lequel il faut rester attentif. Nous avons également abordé la représentation des parlementaires européens et de leur travail dans les médias, qui préfèrent mettre en avant les membres des partis populistes pour leurs déclarations chocs mais sans fondement.
Nous avons enfin échangé sur la nécessité d’avancer vers une Europe plus politique afin de rendre sa gouvernance plus efficace et plus démocratique et rapprocher les citoyens européens de ses institutions. En conclusion, j’ai rappelé l’importance d’avancer vers une Europe plus fédérale.