Conférence à la Maison Jean Monnet

Vendredi 27 janvier, je me suis rendue dans la maison où vécut Jean Monnet sur invitation de Maurice Braud, président de l’association Jean Monnet. Cette maison qui appartient désormais à l’Union européenne est aujourd’hui un musée et un lieu de rencontre et d’échange sur Europe.

Jean Monnet est l’un des pères fondateurs de l’Union du fait de sa grande participation à la construction européenne au lendemain de la seconde guerre mondiale. Son idéal était celui d’une Europe fédérale dans laquelle les peuples européens pourraient vivre en paix. Soixante ans après la signature du traité de Rome, la paix est bien là pourtant la cohésion de l’Union européenne n’a jamais été aussi menacée : Brexit, montée des nationalismes, crise de la solidarité européenne. Malgré ses nombreuses ressources, l’Europe peine à être audible.

En cette année d’élection présidentielle, l’Europe doit revenir au cœur de la campagne. C’est maintenant qu’il faut porter l’idée européenne et défendre ses valeurs.

Suite à mon intervention, de nombreuses questions furent posées par de nombreux citoyens, notamment des jeunes apprentis du centre de formation en alternance pour l’expertise comptable de Paris.

jm004

Nous avons ainsi pu échanger sur les missions du Parlement européen et ses relations avec les autres institutions de l’Union européenne, les missions inhérentes à mon mandat de députée européenne et mon quotidien partagé entre Bruxelles, Villejuif et Strasbourg.

Autre sujet sur lequel nous avons dialogué : l’avenir de l’Union européenne, le risque d’émiettement qui la guette avec le Brexit et l’émergence de mouvements nationalistes. En effet, avant d’être un grand marché de biens et de services, l’Union européenne est un ensemble valeurs et doit protéger les droits fondamentaux des citoyens européens. Il est ainsi nécessaire de poursuivre le dialogue entre les peuples européens. La force de l’Europe, c’est son multiculturalisme, ce sont ses échanges, notamment entre les jeunes européens grâce au programme Erasmus +.

Enfin, nous avons débattu des relations que l’Europe entretient avec le monde, notamment avec les Etats-Unis de Donald Trump ou encore avec la Turquie.

J’ai conclu notre échange en rappelant que l’accueil des réfugiés ne devait pas être considéré comme un problème mais un défi qu’il faut relever dans la solidarité. Alors que certains aimeraient dresser des murs entre les Etats européens, je pense au contraire qu’il faut un nouveau pas en avant vers une Europe plus intégrée, sociale, écologique. Une Europe multiculturelle et qui protège les plus faibles.

 

Conseil du PSE à Prague: agir pour les défis à venir et la démocratie en Europe !

Vendredi 2 et samedi 3 décembre dernier, j’ai participé au Conseil du Parti socialiste européen (PSE) qui s’est tenu à Prague, en République Tchèque. J’ai eu l’occasion d’intervenir à une table ronde qui traitait des « défis à venir et de la démocratie en Europe » et qui était animée par Marije Laffeber, secrétaire générale adjointe du Parti socialiste européen (PSE) depuis 2012. Je suis intervenue aux côtés d’Evi Christofilopoulou, députée grecque du Mouvement socialiste panhellénique ; Jeremy Corbyn, le leader du parti travailliste britannique et Maria Maltschnig, directrice de l’Institut Renner en Autriche. Ce fut l’occasion de donner mon opinion sur la montée de l’extrême droite en France et en Europe et sur les réponses que les démocrates européens peuvent apporter face aux nationalismes. J’ai également insisté sur la nécessité de garder le cap sur les propositions que nous faisons quotidiennement au Parlement européen et qui vont dans le sens d’une Europe plus sociale, plus juste et plus forte.

Marije Laffeber : “En France, il y a une élection très importante qui arrive au printemps ; et nous pouvons constater que la montée des mouvements populaires, qui sont très présents. Ces mouvements extrêmes sont entrain de récolter de plus en plus de voix et ils prennent de la force. Cependant, j’espère que les futures échéances électorales seront l’opportunité pour les sociaux-démocrates de gagner du terrain.  Christine, pouvez-vous nous parler un peu de la situation en France et de comment nous pouvons combattre la montée des extrêmes ? »

 

« Bonjour à tous,

Parler de la France, parler de Marine Le Pen, puisque c’est son nom, c’est parler d’Europe. Pourquoi ? Parce que la victoire des pro-Brexit au Royaume-Uni et l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, ont été des sources de satisfaction pour Marine Le Pen. Cela lui sert à démontrer que l’extrême droite peut arriver au pouvoir. D’ailleurs, nous ne sommes plus face à un danger, nous sommes devant une réalité et il faut en prendre toute la mesure. Je vais vraiment rester au niveau européen par rapport à ce que fait Marine Le Pen, parce que son discours tourne autour de la destruction de l’Europe ; qu’elle rend responsable de tous les mots. Pourquoi ce discours se fait de telle manière et pourquoi ce discours est si prenant ? Quand on regarde les dérives que la mondialisation a engendrées, toutes les personnes qui sont laissées sur le côté, c’est quelque chose qui n’est plus acceptable pour nous, français et citoyens européens. Face à cela, les propositions que nous faisons sont très bonnes mais les propositions que nous faisons sont difficiles à mettre en œuvre aujourd’hui au niveau de la politique européenne. Il faut faire en sorte que les propositions que nous faisons, souvenez-vous notre très beau programme de 2014, et la résolution d’aujourd’hui qui est extrêmement forte, proposent un certain nombre de mesures. Des mesures concernant l’emploi, et l’emploi des jeunes, des mesures concernant le dumping social, des mesures concernant le juste échange économique, …Mais jusqu’alors nous n’avons pu les mettre en œuvre, parce que le système politique fondé sur une grande coalition, qui fonctionnait dès lors qu’il n’y avait pas cette extrême droite aussi forte au Parlement européen, nous permettait d’avancer petit à petit. Nous avons la nécessité d’avancer sur la question de la temporalité. Marine Le Pen, comme tous les extrémistes en Europe et ailleurs, propose une chose : c’est l’Europe le responsable, c’est l’Europe qui n’a pas répondu aux dérives de la mondialisation. « Nous on vous propose quelque de chose de très simple, on sort de l’Europe, on sort de l’Euro et on le fait maintenant ». Nous, les sociaux-démocrates, nous savons que nos propositions vont prendre du temps à émerger et il faut qu’on garde et qu’on revisite à nouveau cette question de la temporalité. Il faut qu’on fasse en sorte que dans les propositions que nous ferons et les votes que nous aurons, nous mettions plus de cohérence, plus de clarté, quitte à perdre des votes mais à être enfin plus forts sur cette question-là. C’est pour cela que je suis très contente que Gianni Pittella, le Président de notre groupe se présente à l’élection du Parlement européen et le fasse dans une alliance avec, je l’espère, les verts, la GUE et tous les progressistes qui ont envie de remettre de la clarté entre la droite et la gauche. Car, ce n’est pas la même chose et ça va être projet contre projet pour plus laisser le cœur du débat au Front National et à tous les extrémistes en Europe. »

« Je crois que dans les deux ans et demi qu’il nous reste avant la prochaine élection européenne, il faut qu’on commence, et on a commencé à le faire, par reconnaître qu’il y a des choses qui ne vont pas, qui ne marchent pas, et qu’on n’a pas réussi. Il faut le reconnaitre et après poser les points sur lesquels nous allons avancer. Un exemple, sur les questions sociales, on a bien vu que la question de la lutte contre le Dumping social fait encore débat, même entre nous. Il faut vraiment être clair et faire en sorte que les choses que nous décidons ici soient communément partagées par tout le monde. Si non, nous ne sommes pas crédibles dès lors qu’on ne respecte pas ce sur quoi on s’engage. Sur la question du juste échange, nous n’en n’avons pas beaucoup parlé, mais c’est un enjeu très important, il faut qu’on construise une politique de marché intérieur forte pour pouvoir négocier avec d’autres partenaires européens. Il faut déjà qu’on soit en capacité, et il faut le construire, de faire des propositions rapidement. Et par ailleurs, il faut faire respecter l’Etat de droit, les valeurs, le respect des uns et des autres au sein de l’Union européenne et y compris dans des pays ou se sont des sociaux-démocrates qui gouvernent. Ce n’est plus possible d’être dans cette situation, sinon nous ne sommes pas crédibles. Nous pouvons changer cela dans les deux ans et demi qui viennent et ensuite on avancera sur de nouvelles propositions. Soyons à la hauteur et respectons ce pourquoi nous nous sommes engagés et respectons nos valeurs. »