Facebook n’est pas au dessus des lois

Communiqué de la Délégation socialiste française

Le Parlement européen a adopté aujourd’hui une résolution appelant Facebook à se mettre en conformité avec la législation européenne. Les scandales autour du réseau social ne cessent pas depuis l’affaire Cambridge Analytica. A l’approche des élections européennes, les eurodéputés socialistes et radicaux de gauche saluent cette résolution ferme et ambitieuse.

Pour Sylvie Guillaume, vice-Présidente du Parlement européen, « cette résolution dépasse le cas Facebook et les différents scandales : il s’agit de défendre nos démocraties contre toutes les manipulations à l’ère du numérique, en particulier à des fins électorales ».

Pour Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, présidente de la délégation socialiste française, « l’Europe a fait un grand pas en avant avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD) mais ce n’est qu’une partie de la réponse. Il reste urgent de finaliser le Règlement ePrivacy, qui permettrait aux utilisateurs de contrôler le respect de leur vie privée dans leurs communications, via WhatsApp par exemple ».

« Concernant Facebook, ce n’est pas un audit interne que nous voulons, mais un audit complet et indépendant par le Contrôleur Européen de la Protection des Données (CEPD) et l’Agence européenne en charge de la sécurité des réseaux (ENISA) car le scandale a mis en lumière d’énormes lacunes » ajoutent les deux eurodéputées.

À l’approche des élections européennes, nous considérons très sérieusement les risques de manipulations numériques à des fins électorales. Pour les eurodéputés socialistes et radicaux de gauche, tout devra être fait pour garantir des élections libres et équitables, en appliquant le RGPD et en empêchant la multiplication des faux comptes sur les réseaux sociaux.

Mon explication de vote :

2018 a été une année noire pour Facebook tant les failles de sécurité se sont enchainés. L’entreprise Cambridge Analytica, par exemple, qui a aspiré les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs. À la suite de ce scandale, le Parlement européen a tenu trois auditions en présence de représentants de Facebook, d’experts et des lanceurs d’alerte. Mark Zuckerberg s’est également exprimé devant une audience restreinte de parlementaires européens en mai 2018. Mais notre enquête a été entravée par le manque de coopération du réseau social. Les information fournies ont été vagues, insuffisantes et décevantes. J’ai ainsi voté une Résolution du Parlement pour rappeler fermement à Facebook qu’il n’est pas au-dessus de nos lois. Outre le respect de notre législation, et en particulier du Règlement général sur la protection des données, nous appelons à un audit indépendant par les agences européennes. Force est de constater que la plateforme est aujourd’hui incapable de protéger nos données et des modifications substantielles sont attendues. A l’approche des élections européennes, toutes ces manipulations avec nos données nous inquiètent au plus haut point. Il y a urgence à contrer toute tentative de manipulation des élections, par une plus grande transparence de la publicité politique par exemple.

Déplacement à Dublin

Les semaines vertes du Parlement européen permettent aux députés de se consacrer à leur circonscription. Elue par les Franciliens et aussi les Français de l’étranger, je me suis rendue à Dublin puis à Londres à cette occasion.

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La première étape à Dublin a été riche en rencontres. J’ai commencé après avoir été conduite dans la voitre électrique de l’Ambassade de France  par un long échange avec l’ambassadeur M. Jean-Pierre Thebault.

Nous avons pu échanger sur des sujets d’actualité fortes au Parlement européen tels que l’accueil des réfugiés et le mécanisme de relocalisation, le Brexit, la fiscalisation des entreprises internationales établies en Irlande.

Sur l’accueil des réfugiés, l’Irlande tire sa particularité du fait qu’il s’agit d’un pays à fortes émigrations. A chaque crise économique auquel ce pays est confronté, de nombreux Irlandais choisissent d’émigrer aux Etats-Unis, au Canda, en Australie ou au Royaume Uni. Sur les cinq dernières années entre 350000 et 400000 jeunes Irlandais ont ainsi quitté leur pays.

Même si la crise économique semble derrière elle, les niveaux de salaires expliquent ce choix. En effet, 80% des jeunes Irlandais ayant émigré avaient un emploi en Irlande. De ce fait l’Irlande doit faire face à un manque cruel de travailleurs notamment dans le secteur médical et du bâtiment.

Dans ce contexte, l’Irlande souhaite prendre toute sa part dans l’accueil des réfugiés (entre 4000 et 20000 personnes) même si elle n’est pas dans l’espace Schengen. Les conditions d’accueil en Irlande sont particulièrement attractives et notamment l’accès à la nationalité irlandaise qui est possible dès 4 ans de séjour en Irlande.

Sur le référendum britannique et le Brexit, l’Irlande regarde cela avec attention et prudence. Si les Irlandais sont très fortement attachés à leur appartenance à l’Union européenne (87% y sont favorables !), les relations commerciales fortes avec le Royaume Uni confortent les Irlandais à encourager le maintien de ce partenaire au sein de l’UE. Par ailleurs, 500 000 Irlandais vivent au Royaume Uni et possèdent la double nationalité donc le droit de vote dans ce pays, auxquels il convient d’ajouter les 2 millions de Britanniques d’origine irlandaises mais aussi les Britannico-Irlandais vivant en Irlande mais électeurs des scrutins britanniques. Leur participation au scrutin ne sera pas négligeable pour un « Bremain ».

Enfin nous avons également échangé sur la situation fiscale fortement décriée au Parlement européen des entreprises internationales installés en Irlande telles que Google, Facebook, Linkedin, Smart Box, Apple, etc. L’Irlande n’est évidemment pas prête à revoir sa fiscalité attractive ni même la partager avec ses partenaires quand bien-même les bénéfices générés proviennent des autres Etats. C’est un point de débat au Parlement européen, ça l’est aussi dans la campagne électorale américaine. A noter que de très nombreux Français travaillent dans ces entreprises en Irlande et représentent une bonne part de la communauté française établie en Irlande.

Les salaires sont en effet plus élevés qu’en France. En revanche, les droits sociaux sont bien moindres, mais ce revers de la médaille ne préoccupe pas les jeunes travailleurs français.

 

La situation des Français établis en Irlande a été au cœur de mes échanges avec Pauline Tanchoux Janin, Vice-Consule et les conseillers consulaires Henri Leperlier (FDM) et Laurence Helaili (UFE)

L Helaili H Leperlier

En effet, il est notoire que ces entreprises boite aux lettres ont encouragé de nombreux jeunes Français à venir s’installer en Irlande depuis la crise de 2008, la communauté française immatriculée étant aujourd’hui de plus de 9000 personnes et en réalité de près de 30000.

Hors la libéralisation exacerbée en Irlande n’apporte que très peu de protection aux travailleurs en droit du travail comme en matière de protection sociale. L’accès à la santé est très cher et de faible qualité. Sans parler du droit à l’avortement qui est interdit.

Les logements en location sont rares et chers, les Irlandais étant le plus souvent propriétaires de leurs logements. Les transports en commun très insuffisants également.

S’installer en Irlande n’est donc pas tout à fait l’Eldorado auxquels les salaires proposés pourraient le laisser croire.

La visite de la section consulaire m’a permis de voir les nouvelles conditions d’accueil conviviales pour les Français notamment pour l’établissement de leurs passeports et carte d’identité et de rencontrer les agents chaleureux et impliqués.

Salle dattente

J’ai également pu profiter de ma présence à l’Ambassade pour échanger avec  Frédéric RAUSER
Conseiller de coopération et d’action culturel. Le Lycée Français à Dublin (LFI) accueille des élèves en nombre toujours croissants (500) et se retrouve dans une situation délicate faute d’espace. Par ailleurs, le lycée a la particularité d’accueillir des élèves en famille d’accueil souhaitant parfaire leur anglais le temps d’une année de scolarité. Les élèves de collège peuvent suivre un cursus euro campus en Anglais, Français et Allemand. Toutefois les élèves suivant le programme français ne peuvent pas se présenter à la fois au baccalauréat français et au diplôme équivalent irlandais n’ayant pas le niveau suffisant en langue irlandaise (gaélique).

 

J’ai ensuite une un échange très sympathique avec les Français de gauche à Dublin, rencontre organisée par Henry Leperlier, Conseiller culturel mais aussi Président de Français du Monde et secrétaire de la section PS de Dublin.

Pierre Klein ATD - Henry Leperlier et epouse