Après le soulagement, l’indispensable rassemblement des socialistes

C’est peu dire que cette élection a inquiété l’Union européenne et au-delà : tous les ingrédients étaient réunis pour que le pire devienne possible. En cela, l’élection à la présidence de la République d’Emmanuel Macron constitue un soulagement et je lui adresse toutes mes félicitations. Je tiens également à rendre hommage à François Hollande et à son action : je suis convaincue que l’Histoire montrera la justesse des politiques menées ces cinq dernières années.

Mais après ce soulagement, soyons clairs : rien n’est réglé. La colère des citoyens est toujours là, l’extrême droite est forte comme elle ne l’a jamais été dans notre pays. Or, on ne peut jouer à la roulette russe éternellement sans finir par se tirer une balle. C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’oppose avec force à l’idée d’Emmanuel Macron pour qui, désormais, les partis politiques traditionnels seraient morts, qu’il n’y aurait plus que deux camps : les progressistes contre les nationalistes ; cela est faux et dangereux, mortifère même car, dès lors, la seule alternance possible serait le nationalisme et l’extrême droite.

Plus que jamais, nous avons besoin de la gauche et singulièrement des socialistes pour empêcher ce duel de s’installer dans le paysage politique. Je serai pleinement engagée aux côtés des candidats socialistes dans la bataille des élections législatives. Le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ne doivent pas faire oublier cette réalité : notre avenir sera décidé par la future majorité à l’Assemblée nationale. La photographie du premier tour de l’élection présidentielle n’aura rien de commun avec ce que sera le premier tour des élections législatives : les Français seront libérés de la carotte « vote utile » et du bâton Front national. Le projet et la proximité des élus joueront à plein.

Et puis, il faut le marteler, le changement en France ne peut pas se faire sans changement en Europe : que nous soyons dans une majorité socialiste ou dans l’opposition, nous devrons remettre sur le devant de la scène nos propositions pour changer l’Europe, la refonder, la réorienter, bref faire en sorte qu’elle améliore plus efficacement et visiblement la vie des citoyens. C’est la seule voie pour véritablement faire refluer l’extrême droite, non seulement en France, mais partout en Europe.

Cela, il faudra le faire en France, mais également lors de chaque élection nationale, avec tous les progressistes européens, et lors des élections européennes. Si les élections au Royaume-Uni vont essentiellement servir à définir la nature du Brexit – soft ou hard –, les élections en Allemagne sont tout aussi importantes que les élections françaises.

Enfin, en ligne de mire, se profilent les élections européennes de 2019 : avec un Brexit qui sera devenu réalité et dont tout le monde pourra juger des conséquences, la question de l’Europe que nous voulons sera au cœur du débat politique. Ce débat sera l’occasion de faire reculer visiblement l’extrême droite, de lutter à la fois contre les nationalismes et contre l’ultralibéralisme économique qui en fait le lit.

Le programme des socialistes, pour une politique fiscale juste et équitable, pour une Europe sociale, pour une politique d’investissements en faveur de l’emploi et de la transition écologique et pour une démocratisation de la zone euro est le seul qui puisse faire que nos enfants vivent mieux que nous.

Convention fédérale: bilan du quinquennat sur les affaires européennes et internationales

Samedi 10 décembre, la fédération du parti socialiste du Val-de-Marne organisait sa Convention fédérale sur le bilan du quinquennat de François Hollande. J’ai eu le plaisir d’intervenir, aux côtés de Maurice Braud, Secrétaire national en charge du Pôle modernisation, coopération, régulation, à une table ronde sur la place de la France en Europe et dans le monde. Malgré le temps qui nous a été imparti, j’ai tenté de faire une synthèse des nombreuses actions de François Hollande qui ont fait avancer l’Europe pendant ces cinq dernières années.

J’ai tout d’abord rappelé son action sur l’inflexion du pacte de stabilité et de croissance qui est l’instrument dont les pays de la zone euro se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs ; c’est le premier point sur lequel François Hollande a dû prendre des décisions en tant que Président de la République. Dans un contexte où les sociaux-démocrates sont minoritaires au sein du Conseil de l’Europe des 28 Etats membres, la France a su jouer un rôle important pour mettre de la flexibilité dans la politique économique de l’Europe et de faire en sorte que la Grèce reste au sein de la zone euro. Il a été l’artisan de ce travail pour accompagner également l’Espagne et le Portugal.

Aujourd’hui, nous voyons la concrétisation du Plan Junker et le relance de l’Europe grâce à l’investissement ; cela était un point du programme de François Hollande et des sociaux-démocrates. Sur le budget européen, beaucoup d’Etats sont de mauvais payeurs mais il faut continuer de travailler sur l’intégration économique au niveau de l’ensemble de l’UE pour plus de solidarité entre les pays. Par ailleurs, je suis revenue sur l’engagement de François Hollande qui, en 2012, a fait de la jeunesse sa priorité en allouant une partie du budget européen à la garantie jeunesse.

Sur les traités de libre-échange, pendant la campagne du Président Hollande, nous nous sommes battus à ses côtés pour des traités de « juste » échange et la France a permis de poser des marqueurs importants. Matthias Feckl, Secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur a obtenu le retrait des tribunaux arbitraires au profit de tribunaux publics avec des magistrats libres de trancher les décisions à prendre dans l’intérêt de l’Europe.

Concernant le terrorisme, le gouvernement français a permis d’avancer au niveau européen. Sur le PNR (Passenger Name Record), il a fallu beaucoup de convictions pour aboutir à un vote et les résultats se concrétisent aujourd’hui ; il y a seulement 4 Etats européens qui se sont dotés d’un PNR. Par ailleurs, sur la lutte contre le terrorisme et notamment l’assèchement du financement de Daesh, les propositions de la France défendues Michel Sapin, Ministre de l’économie et des finances, ont été déclinées au niveau européen et notamment dans le Rapport de Vincent Peillon.

J’ai rappelé aussi, la mise en place d’une agence européenne du droit d’asile dont le modèle a été calqué sur l’OFPRA, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. C’est une véritable réussite de la France sur le plan européen.

 

La France a pesé son poids dans la lutte contre le dumping social avec ’inscription dans la loi de l’obligation de respecter le droit français en matière de salaires pour tous les chauffeurs routiers travaillant en France. Alors, même si la France a reçu un carton jaune de la part des pays d’Europe de l’Est, qui l’accusent de faire de la concurrence déloyale, le rapport de force se poursuit avec le débat sur la révision de la directive des travailleurs détachés.

 

La France a également joué un rôle important sur les questions environnementales avec la signature de l’Accord de Paris lors de la Cop 21. J’ai fait référence aux actions de Stéphane Le Foll et Eric Andrieu qui ont mené un véritable combat pour développer la production française dans des conditions favorables à l’environnement et lutter contre les OGM. J’ai par ailleurs parlé de la mise en place de la commission Royal, liée au scandale de l’affaire Volkswagen, qui mène un travail complémentaire à celui de la commission EMIS du Parlement européen dans laquelle je siège en tant que rapporteure pour mon groupe et qui a vocation à faire appliquer par les Etats membres la règlementation européenne en matière d’émissions polluantes.

 

Pour conclure, j’ai rappelé que plusieurs exemples concrets montrent que tous les maux de l’Europe ont pour cause profonde les dérives de la mondialisation et non pas l’Europe. La politique de François Hollande a beaucoup pesé sur les grandes décisions européennes. Maintenant il nous appartient de clarifier et de renforcer nos exigences pour démontrer que l’Europe peut protéger.

 

Le Front populaire où la nécessité de l’exercice du pouvoir pour transformer la société

En ce mois de mai 2016, nous fêtons les 80 ans du Front Populaire. Ce formidable mouvement a permis la victoire des forces de gauche en mai 1936 par le rassemblement des communistes, des socialistes et des radicaux.

Marqué notamment par la personnalité de Léon Blum, le Front Populaire aura apporté aux Français des avancées considérables : deux semaines de congés payées, la réduction du temps de travail avec la semaine de quarante heures ou encore l’établissement des conventions collectives.

Le Front Populaire aura aussi permis de barrer la route aux ligues fascistes qui menaçaient alors la République.

Le Front populaire démontre aussi une exigence : la nécessité pour la gauche d’exercer le pouvoir afin de transformer la société.

Depuis toujours, la relation entre la gauche et le pouvoir n’est pas aisée. Certains à droite de l’échiquier politique estiment en effet que la gauche n’est pas légitime à exercer le gouvernement de la Nation. D’autres, à gauche, estiment au contraire que lorsqu’elle est au pouvoir, la gauche n’est pas vraiment la gauche, elle trahit ses promesses et se compromet. C’est d’ailleurs en février 1937, lorsque Léon Blum demande une pause dans les réformes pour donner la priorité à l’assainissement monétaire que le Front Populaire éclate véritablement.

A chaque fois qu’elle est au pouvoir, la gauche est critiquée. Les réformes initiées ne sont jamais « suffisamment à gauche », comme si elle devait s’excuser de se confronter aux réalités.

Pourtant, la gauche devrait-elle se contenter de beaux de rêves et de beaux discours ? Doit-elle rester dans l’opposition et se cantonner à la gestion des collectivités?

Il est vrai que les discours perdent de leur bohème une fois le gouvernement quotidien de la Nation établi. Mais il est aussi vrai que si la gauche se contente de contester et refuse l’exercice du pouvoir, elle n’a d’autre utilité que littéraire et ne transforme pas la société. La gauche ne se compromet pas en exerçant le pouvoir. Et c’est là, le principal apprentissage du Front Populaire, lorsqu’elle est au pouvoir, la gauche agit pour plus de justice, plus d’égalité, vers le progrès social et l’émancipation de l’individu.

C’était l’ambition du Front Populaire en 1936. C’est aussi ce qu’ont accompli François Mitterrand en 1981, Lionel Jospin en 1997 et François Hollande depuis 4 ans.

Sans rêve et sans utopie, la gauche ne saurait être elle-même, mais sans exercice du pouvoir, la gauche ne saurait transformer la société !

En France, plus que dans les autres pays, le compromis est toujours difficile à trouver, tant dans nos institutions qu’avec les corps sociaux. Pourtant, et c’est le cas depuis 2012, le compromis est l’essence de l’exercice du pouvoir. Consulter, dialoguer, écouter puis trancher sont les instruments nécessaires au bon gouvernement, que ce soit à l’échelle de l’Union européenne, à l’échelle d’un pays ou d’une collectivité.

C’est ce compromis, cette synthèse, que la gauche entreprend depuis 2012. C’est aussi ce compromis que la gauche va devoir mettre en place en 2017 pour gagner une nouvelle fois l’élection présidentielle. A trop disserter sur ce qu’est un bon gouvernement de gauche, il ne faut pas oublier l’exercice quotidien des réalités, la situation budgétaire contrainte ou encore la difficile relance de l’activité économique. Il ne faut pas non plus perdre de vue la montée de l’extrême droite, qui a un nouveau visage, mais porte le même nom depuis le début des années 1970, celui du Front National.
Sans exercer le pouvoir, la gauche ne pourrait transformer la société. C’est pourquoi, la gauche doit se rassembler en 2017. Elle doit trouver un compromis pour continuer à agir pour le progrès social. Il n’y a pas d’opposition entre une gauche du passé et une gauche moderne. Il y a une nécessité : le rassemblement. Il y a une exigence, celui de bâtir le présent de façonner l’avenir. Cette exigence, c’est celle de l’exercice du pouvoir.

La France doit s’engager pour une Europe politique solidaire et humaniste

Voici le courrier que nous, membres de la Délégation socialiste française au Parlement européen, avons adressé au Président Hollande le 3 février dernier.

A l’heure des replis sur soi et des menaces de sortie de l’Union européenne, nous appeler les à la contre-offensive pour plus d’Europe. Pour nous, la France et le Président de la République ont un rôle déterminant à jouer dans cette bataille.

 

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