Élections européennes de 2019 : les idéaux et les intérêts particuliers

Communiqué de la Délégation socialiste française

Aujourd’hui ont eu lieu deux scrutins importants dans la perspective des élections européennes de 2019 : un concernant la modification de l’acte électoral européen pour permettre la création de listes transnationales et ajustant le nombre d’eurodéputés par État membre en fonction des changements démographiques ; sur ce point la nouvelle distribution des sièges votée par 552 voix pour, 109 contre et 17 abstention devrait s’imposer au Conseil. L’autre scrutin concernait les modalités de désignation du président de la Commission européenne et presse le Conseil de prendre une décision.

Sur ces deux sujets, les eurodéputés de la délégation socialiste française n’ont pas varié : ils sont favorables à toutes les mesures qui peuvent renforcer la démocratie européenne. Nous avons plaidé depuis des années en faveur des listes transnationales et du Spitzenkandidat, terme signifiant que le prochain président de l’exécutif doit dépendre du résultat des élections.

Nous ne pouvons que constater qu’une vaste majorité de la droite européenne, en contradiction avec les conditions de construction d’une véritable démocratie européenne, a décidé de rejeter les listes transnationales. Et que le président Macron rejette le Spitzenkandidat parce que la République en Marche n’est pas organisée à l’échelle européenne et qu’elle sait que ce mode de désignation ne la mettra pas au centre du dispositif.

Nous insistons désormais sur un point : le Spitzenkandidat ne doit pas forcément être issu du Parti arrivé en tête à l’échelle européenne, mais celui en capacité de réunir le plus d’eurodéputés en soutien à sa politique.

Voici mon explication de vote sur la composition du Parlement européen en 2019 :

Alors que les prochaines élections européennes se dérouleront en 2019 sans le Royaume-Uni, le Parlement européen a approuvé un rapport sur la composition de notre institution.

Suite au Brexit, le Parlement prône une réduction du nombre de sièges : 27 des 73 sièges du Royaume-Uni seront redistribués à d’autres pays et 46 sièges restants seront gardés en réserve en cas d’élargissement de l’Union. En 2019, il y aura donc 705 députés européens. La France gagne ainsi des députés supplémentaires car elle était actuellement sous-représentée par rapport à sa population.

Dans ce texte, j’ai soutenu fermement la création de listes électorales transnationales. Nous souhaitions qu’un certain nombre de députés européens soient élus dans une circonscription électorale européenne. Les sociaux-démocrates ont toujours prôné le renforcement de la démocratie européenne et les listes transnationales auraient permis à des députés d’être élus par des citoyens de tous les pays ; sans considérations des frontières. Le sentiment européen en aurait été que renforcé. Malheureusement la droite européenne, pourtant encline à s’afficher pro-Europe, à refuser ce principe. Ils ont rejeté les conditions de construction d’une véritable démocratie européenne et je le regrette vivement.

Et celle sur le spitzenkandidat :

J’ai voté en faveur d’un accord cadre régissant les relations entre le Parlement européen et la Commission européenne. Cet accord est l’occasion pour les députés européens d’affirmer à une large majorité le principe du «Spitzenkandidat ». Cela signifie que les partis politiques européens présenteront des têtes de liste afin de donner aux citoyens européens le choix de la personnalité à élire à la présidence de la Commission européenne lors des élections européennes. Avant, il revenait aux Etats membres de décider  la tête de l’exécutif européen, bafouant ainsi les résultats des élections. Le « Spitzenkandidat » est une mesure simple pour renforcer la légitimité politique des institutions européennes et pour remettre au cœur des institutions européennes le choix des citoyens européens.

Avec mes collègues socialistes français, nous ajoutons que la tête de liste ne doit pas forcément être issue du Parti arrivé en tête à l’échelle européenne, mais celui en capacité de réunir le plus d’eurodéputés en soutien à sa politique.

Elections européennes : pour une représentation équilibrée des citoyens

Communiqué de le Délégation socialiste française

La commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen a adopté aujourd’hui un rapport appelant à modifier le nombre d’eurodéputés par État membre afin de corriger les occasions ratées du passé et de tenir compte des évolutions démographiques.

C’est un fait : depuis la dernière répartition du nombre d’eurodéputés par pays, la démographie a fait son œuvre. Quand aujourd’hui un eurodéputé français représente 900 833 citoyens, un eurodéputé allemand en représente 854 838. C’est bien simple : la France est l’État membre le plus désavantagé dans sa représentation au Parlement européen, pas seulement à cause des élus FN !

Il était nécessaire de rééquilibrer la situation, et le Parlement s’y était engagé lors de la dernière législature ; le Brexit, et le départ des 73 eurodéputés britanniques, facilite la réparation de ce déséquilibre démocratique et le respect du principe dit de « proportionnalité dégressive » inscrit dans les Traités ; cela, sans diminuer le nombre de sièges d’un État et tout en conservant une marge de manœuvre pour des listes transnationales et d’éventuels futurs élargissements. Nous nous félicitons d’ailleurs d’avoir bâti une majorité pour ouvrir la portes aux listes transnationales, dotées d’un nombre significatif de sièges, et au minimum un par Etat membre ; nous appelons le Conseil à se pencher dès maintenant sérieusement sur cette proposition. Après ce vote en commission, il faut désormais obtenir un accord large en plénière pour obliger les États à suivre nos recommandations.

Si ce rééquilibrage démocratique est indispensable et permettra d’améliorer l’influence de la France en Europe, il ne faut pas être naïf : quand le FN occupe 24 sièges sur 74, quand la droite recycle d’anciens ministres peu intéressés par la fonction, l’influence française est fragilisée. Le seul passage à 79 eurodéputés français ne suffira pas à renforcer la voix de la France. C’est aux partis d’investir des candidats solides, travailleurs, soucieux de l’intérêt des citoyens français et européens. Et c’est aux citoyens de s’investir en politique pour être vigilants dès cette première étape.

 

Le Parti Socialiste Européen se prononce en faveur de primaires pour désigner sa tête de liste et pour des listes transnationales

Aujourd’hui réunis à Lisbonne, les socialistes européens ont fait le choix clair et sans ambiguïté de la démocratie européenne. Ils ont ouvert la possibilité d’une primaire pour désigner notre tête de liste, et nous nous prononçons en faveur de listes transnationales.

Parce que la gauche européenne est au bord du gouffre, éparpillée par petits bouts façon puzzle, faire le choix de la démocratie – avec la primaire – et de l’Europe – avec des listes transnationales – était le premier pas pour reconstruire le socialisme à l’échelle européenne, et au-delà pour refonder l’Europe tout court.

Bien sûr, ce n’est qu’un premier pas : la refondation passe par un projet clair et ambitieux pour la vie quotidienne des Européens. Même si nous sommes en crise, force est de constater que nos propositions répondent à la volonté du peuple : si nous avons perdu les batailles sur le glyphosate ou le CETA, tous les observateurs peuvent constater que nos propositions étaient en adéquation avec la volonté populaire. Quand nous remportons des victoires – comme sur le renforcement de la méthode de calcul contre les importations chinoises subventionnées ou sur les minerais de sang – c’est avec l’appui indispensable des citoyens via des mobilisations à l’échelle de l’Europe. Plus encore, nous voulons porter la voix de ces derniers.

L’Europe, avec le programme des socialistes, peut être le lieu où s’invente un nouveau modèle de développement, plus solidaire, plus équitable, plus ouvert, plus coopératif, plus durable. Notre Europe, c’est celle des projets concrets pour répondre aux crises financière, économique, sociale, écologique, géopolitique, sécuritaire, agricole et humanitaire que nous allons maintenant proposer partout en Europe.