Vendredi 25 mai, à l’occasion de la journée de l’Europe organisée par le lycée Evariste Galois de Sartrouville, je suis allée à la rencontre d’un groupe d’élèves ambassadeurs du Parlement européen. En marge des nombreux ateliers et événements organisés par l’équipe éducative et les élèves, j’ai été interviewée par une dizaine d’élèves de Seconde et de Terminale pour la WebRadio du lycée. Nous avons abordé trois grands thèmes : le rôle et le fonctionnement du Parlement Européen ; le rôle et les missions des Députées Européens et les questions liées aux droits des femmes et aux inégalités, ainsi qu’à la lutte contre les violences dont elles sont les victimes.
Lors de la première partie de l’échange, j’ai confié aux lycéens que ma passion pour la politique devait beaucoup à la Présidence de François Mitterrand puis à la chute du mur de Berlin le jour de mes 18 ans, marquant pour moi l’espoir de la construction d’une seule et même Europe. C’est à partir de ce jour que j’ai forgé ma conscience politique. Une conscience qui ne m’a pas quittée depuis, c’est pourquoi j’ai encouragé ces jeunes élèves à s’engager, à travers le militantisme politique, syndical ou encore associatif pour défendre leurs convictions leurs valeurs. J’ai également rappelé que tous les Français pouvaient être élus s’ils avaient la volonté de changer les choses. Etre élu.e ne doit pas s’inscrire dans une trajectoire de carrière mais correspondre à un engagement personnel qui sert une cause collective.
Sur l’égalité entre les femmes et les hommes, j’ai rappelé que la loi de 2000 sur la parité a permis à beaucoup de femmes de s’engager en politique. Alors même si encore aujourd’hui les postes à responsabilité sont généralement attribués à des hommes, il y a des évolutions notables. Au Parlement européen, j’ai pu constater que dans certains pays la parité est assez bien respectée. Mais quand on sait que seulement 36% des députés européens sont des femmes, nous devons encore progresser pour arriver à l’égalité réelle.
Sur la diffusion de l’information, j’ai répondu que les réseaux sociaux représentaient un assez bon moyen de communiquer avec les citoyens et partager le travail parlementaire que les députés européens mènent au quotidien ; car malheureusement les médias peinent encore à donner une vraie visibilité à l’action des députés européens.
J’ai informé les élèves que dans le cadre de mon travail parlementaire, je suis amenée à échanger avec de nombreux responsables politiques et aussi avec la Président de la République ; que j’ai récemment rencontré sur la réforme des modes de scrutins dans le cadre des prochaines élections européennes. Je me suis aussi adressée à lui pour l’alerter sur l’urgence de voir l’Union européenne ratifier la Convention d’Istanbul, pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes partout en Europe. Ce texte adopté par le Conseil de l’Europe, s’appuie sur la règle des trois « P » : prévention, protection et poursuite. Il est appliqué en France car il a été ratifié sous la précédente mandature mais beaucoup de pays européens refusent encore de le ratifier ; c’est pourquoi les chefs d’Etats signataires doivent se mobiliser et inciter les autres pays à la signer. Il existe beaucoup de lois protectrices contre les violences faites aux femmes mais leur application est trop souvent laissée de côté.
Nous avons également parlé de l’organisation de mon temps de travail entre Paris, où je rencontre les acteurs de la circonscription, le Parlement européen de Bruxelles ou je mène des réunions de groupe et un travail intense dans les commissions parlementaires ; et Strasbourg, ou les lois européennes sont votées. L’occasion de rappeler que les temps de parole au sein du Parlement européen sont assez court, ce qui nous oblige à être efficace et synthétique lors de nos interventions.
Un élève m’a posée la question de la distance entre l’Europe et les citoyens européens, j’ai répondu que cette distance est liée au problème du fonctionnement des institutions ; qui est trop opaque et parfois incompréhensible. Et malheureusement certains pays comme la Hongrie ou la Pologne, ne rendent pas les choses faciles quand ils n’ont de cesse de critiquer l’Europe et son système. S’il n’y avait pas d’Europe aujourd’hui, ce serait la fin de la zone Euro, la fin de la libre circulation des personnes et on deviendrait une multitude de tout petits pays devant faire face aux grandes puissances mondiales. L’Union européenne est encore dans une phase de construction et il faut lui laisser le temps d’émerger en tant que réelle entité politique.
Le dernier thème de l’interview a laissé place à un échange sur l’égalité entre les femmes et les hommes, un sujet qui me tient particulièrement à cœur. J’ai indiqué qu’actuellement était en discussion une proposition de directive prévoyant d’accorder les mêmes droits aux femmes et aux hommes de bénéficier du congés parental afin de permettre réellement de concilier vie professionnelle et vie personnelle et de réduire l’écart salarial. L’occasion de dire que les femmes n’ont pas le même niveau de salaire que les hommes et qu’elles sont plus souvent concernées par le congé parental. Une idée préconçue que dénoncent les syndicats et les socialistes. Le gouvernement français est encore assez rétrograde sur le sujet alors que certains pays européens comme la Suède défendent cette égalité. Sur les violences faites aux femmes, qui sont de plus en plus reconnues, j’ai redit qu’il fallait continuer le travail de prévention auprès des victimes et des autorités qui ont trop souvent minimisé l’ampleur du problème.