On parle d’Europe et on combat les nationalistes avec les militants PS de Paris Convention

Lundi 19 décembre, j’ai participé à l’assemblée générale de la section du Parti Socialiste du quinzième arrondissement de Paris qui se réunissait sur le thème de la montée des populismes en Europe et dans le monde. Je suis intervenue plus précisément sur les aspects européens de cette question tandis que Henri Landes, maitre de conférences et essayiste, s’est concentré sur les aspects américains suite à l’élection de Donald Trump.

J’ai d’abord souhaité faire une précision sémantique concernant l’utilisation de la notion de « populisme » pour qualifier la montée des mouvements d’extrême droite en Europe. En effet, le terme « populisme » laisse pensé de manière négative que les peuples sont à l’origine et au cœur de ces mouvements alors que ce n’est pas le cas. Au lieu de parler de « populismes », il me semble plus opportun de qualifier ces mouvements par ce qu’ils sont réellement : des mouvements nationalistes et xénophobes. Les « populistes » ne représentent en effet pas les intérêts des peuples mais portent au contraire un projet d’extrême droite, opposé à l’Europe, à toute société inclusive, à l’immigration ou encore aux droits des femmes. Les thèmes des nouveaux nationalistes convergent d’un pays à un autre : sortir de l’Europe et de l’euro, réfuter toute forme d’échange et revenir aux frontières nationales, s’opposer à l’accueil des réfugiés, porter un projet autoritaire et contraire aux valeurs européennes. A la différence des mouvements d’extrême droite qui se sont développés en Europe après la seconde guerre mondiale, ils ont modernisé leurs discours et leurs visages, mais leurs propositions restent sensiblement les mêmes. Leur société est celle du repli sur soi et de la fermeture d’esprit. Leur modèle n’est en rien « populaire » ! Bien au contraire, il est anti-populaire car il divise les peuples et opérant des classifications condamnables.

Face à cette résurgence du repli sur soi dont le Brexit est l’exemple le plus frappant, l’Europe doit se relever. Pour cela, les socialistes doivent faire des propositions pour l’Europe de demain. Il faut en finir avec les alliances entre la gauche et droite qui ne font que nourrir les exaspérations des peuples. Au contraire, le Parlement européen doit devenir le laboratoire des nouvelles orientations pour l’Europe. Les socialistes doivent d’abord nouer des alliances avec les partisans de l’Europe du progrès, à savoir la GUE, les écologistes et certains libéraux. A ce titre, lors de la reconstitutive de mi-mandat, les socialistes porteront leur candidat, Gianni Pitella, à la présidence du Parlement européen face à la droite et contrairement à l’accord tacite passé entre Jean-Claude Juncker et Martin Schultz en 2014.

Cette exigence de clarification des alliances est portée par les députés de la délégation socialiste française depuis le début de la mandature. Elle ne s’est pas imposée d’elle-même aux socialistes et démocrates européens. C’est le résultat combiné de l’influence des socialistes français dans le groupe S&D et de la prise de conscience par les socialistes des autres pays de la montée de mouvements nationalistes en Europe (notamment l’émergence de mouvements d’extrême droite dans les pays scandinaves et germaniques).

Lors de l’échange avec les militants, nous avons discuté des différences entre les mouvements nationalistes qui se développent en Europe. Certains partis, comme le mouvement 5 étoiles en Italie ont d’ailleurs  avec des députés au Parlement européen racistes et d’autres plus progressistes. En effet, les mouvements nationalistes agrègent une partie de la colère populaire contre une Europe qui ne protège pas suffisamment. Plus globalement, le développement de ces mouvements doit nous faire réfléchir aux manières de protéger l’Europe et de la défendre quotidiennement au lieu de la blâmer. Il faut convaincre et démontrer aux peuples que l’Europe est positive et peut-être porteuse de progrès. Autres enjeux, la difficulté de voir ce que les institutions européennes apportent au quotidien des individus et la difficulté pour les Citoyens de voir ce qu’ils peuvent apporter à l’Europe.

Nous avons également échangé sur l’implantation du Front National dans les idées et dans les territoires en France. Il est plus que jamais nécessaire de combattre avec force son projet, de lutter prioritairement contre les inégalités et de protéger davantage les plus démunis. Il ne sert à rien de diluer la gauche dans la droite comme certains aimeraient le faire, il faut au contraire que la gauche réfléchisse à la société de demain et pense les défis à venir. Les enjeux français et européens ont plus que jamais besoin des progressistes pour penser la société de demain. Une société plus juste, plus protectrice, plus inclusive et respectueuse de l’environnement.

Conseil du PSE à Prague: agir pour les défis à venir et la démocratie en Europe !

Vendredi 2 et samedi 3 décembre dernier, j’ai participé au Conseil du Parti socialiste européen (PSE) qui s’est tenu à Prague, en République Tchèque. J’ai eu l’occasion d’intervenir à une table ronde qui traitait des « défis à venir et de la démocratie en Europe » et qui était animée par Marije Laffeber, secrétaire générale adjointe du Parti socialiste européen (PSE) depuis 2012. Je suis intervenue aux côtés d’Evi Christofilopoulou, députée grecque du Mouvement socialiste panhellénique ; Jeremy Corbyn, le leader du parti travailliste britannique et Maria Maltschnig, directrice de l’Institut Renner en Autriche. Ce fut l’occasion de donner mon opinion sur la montée de l’extrême droite en France et en Europe et sur les réponses que les démocrates européens peuvent apporter face aux nationalismes. J’ai également insisté sur la nécessité de garder le cap sur les propositions que nous faisons quotidiennement au Parlement européen et qui vont dans le sens d’une Europe plus sociale, plus juste et plus forte.

Marije Laffeber : “En France, il y a une élection très importante qui arrive au printemps ; et nous pouvons constater que la montée des mouvements populaires, qui sont très présents. Ces mouvements extrêmes sont entrain de récolter de plus en plus de voix et ils prennent de la force. Cependant, j’espère que les futures échéances électorales seront l’opportunité pour les sociaux-démocrates de gagner du terrain.  Christine, pouvez-vous nous parler un peu de la situation en France et de comment nous pouvons combattre la montée des extrêmes ? »

 

« Bonjour à tous,

Parler de la France, parler de Marine Le Pen, puisque c’est son nom, c’est parler d’Europe. Pourquoi ? Parce que la victoire des pro-Brexit au Royaume-Uni et l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, ont été des sources de satisfaction pour Marine Le Pen. Cela lui sert à démontrer que l’extrême droite peut arriver au pouvoir. D’ailleurs, nous ne sommes plus face à un danger, nous sommes devant une réalité et il faut en prendre toute la mesure. Je vais vraiment rester au niveau européen par rapport à ce que fait Marine Le Pen, parce que son discours tourne autour de la destruction de l’Europe ; qu’elle rend responsable de tous les mots. Pourquoi ce discours se fait de telle manière et pourquoi ce discours est si prenant ? Quand on regarde les dérives que la mondialisation a engendrées, toutes les personnes qui sont laissées sur le côté, c’est quelque chose qui n’est plus acceptable pour nous, français et citoyens européens. Face à cela, les propositions que nous faisons sont très bonnes mais les propositions que nous faisons sont difficiles à mettre en œuvre aujourd’hui au niveau de la politique européenne. Il faut faire en sorte que les propositions que nous faisons, souvenez-vous notre très beau programme de 2014, et la résolution d’aujourd’hui qui est extrêmement forte, proposent un certain nombre de mesures. Des mesures concernant l’emploi, et l’emploi des jeunes, des mesures concernant le dumping social, des mesures concernant le juste échange économique, …Mais jusqu’alors nous n’avons pu les mettre en œuvre, parce que le système politique fondé sur une grande coalition, qui fonctionnait dès lors qu’il n’y avait pas cette extrême droite aussi forte au Parlement européen, nous permettait d’avancer petit à petit. Nous avons la nécessité d’avancer sur la question de la temporalité. Marine Le Pen, comme tous les extrémistes en Europe et ailleurs, propose une chose : c’est l’Europe le responsable, c’est l’Europe qui n’a pas répondu aux dérives de la mondialisation. « Nous on vous propose quelque de chose de très simple, on sort de l’Europe, on sort de l’Euro et on le fait maintenant ». Nous, les sociaux-démocrates, nous savons que nos propositions vont prendre du temps à émerger et il faut qu’on garde et qu’on revisite à nouveau cette question de la temporalité. Il faut qu’on fasse en sorte que dans les propositions que nous ferons et les votes que nous aurons, nous mettions plus de cohérence, plus de clarté, quitte à perdre des votes mais à être enfin plus forts sur cette question-là. C’est pour cela que je suis très contente que Gianni Pittella, le Président de notre groupe se présente à l’élection du Parlement européen et le fasse dans une alliance avec, je l’espère, les verts, la GUE et tous les progressistes qui ont envie de remettre de la clarté entre la droite et la gauche. Car, ce n’est pas la même chose et ça va être projet contre projet pour plus laisser le cœur du débat au Front National et à tous les extrémistes en Europe. »

« Je crois que dans les deux ans et demi qu’il nous reste avant la prochaine élection européenne, il faut qu’on commence, et on a commencé à le faire, par reconnaître qu’il y a des choses qui ne vont pas, qui ne marchent pas, et qu’on n’a pas réussi. Il faut le reconnaitre et après poser les points sur lesquels nous allons avancer. Un exemple, sur les questions sociales, on a bien vu que la question de la lutte contre le Dumping social fait encore débat, même entre nous. Il faut vraiment être clair et faire en sorte que les choses que nous décidons ici soient communément partagées par tout le monde. Si non, nous ne sommes pas crédibles dès lors qu’on ne respecte pas ce sur quoi on s’engage. Sur la question du juste échange, nous n’en n’avons pas beaucoup parlé, mais c’est un enjeu très important, il faut qu’on construise une politique de marché intérieur forte pour pouvoir négocier avec d’autres partenaires européens. Il faut déjà qu’on soit en capacité, et il faut le construire, de faire des propositions rapidement. Et par ailleurs, il faut faire respecter l’Etat de droit, les valeurs, le respect des uns et des autres au sein de l’Union européenne et y compris dans des pays ou se sont des sociaux-démocrates qui gouvernent. Ce n’est plus possible d’être dans cette situation, sinon nous ne sommes pas crédibles. Nous pouvons changer cela dans les deux ans et demi qui viennent et ensuite on avancera sur de nouvelles propositions. Soyons à la hauteur et respectons ce pourquoi nous nous sommes engagés et respectons nos valeurs. »