Demandeurs d’asile : la solidarité comme fil rouge

Communiqué de la Délégation socialiste française

En 2015, afin de répondre à l’urgence humanitaire à laquelle l’Italie et la Grèce devaient faire face avec un afflux de migrants sans précédent, les États membres ont accepté que 160 000 demandeurs d’asile, qui a de grandes chances d’obtenir le statut de réfugiés, soient déplacés depuis ces deux pays vers d’autres États membres d’ici à septembre 2017, pendant le traitement de leur demande. Cette procédure porte le nom de « relocalisation ».
Depuis, malgré cet engagement des États membres à « relocaliser » 160 000 demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce, seules 18 000 personnes ont été prises en charge. C’est trop peu, trop lent.
Afin d’accentuer la pression sur les États membres qui n’honorent pas leurs engagements, les eurodéputés socialistes et radicaux ont soutenu, aujourd’hui, une résolution envisageant clairement des sanctions contre ceux qui s’affranchiraient de leur devoir de solidarité. Il est temps que ces derniers respectent leurs engagements. Aussi, nous nous félicitons de l’engagement de la Commission européenne à lancer des procédures en manquement à partir du mois de septembre prochain.
Il faut aussi penser sur le long terme : la relocalisation seule ne suffira pas. Nous devons garantir des voies d’entrée sûres et légales en Europe pour les migrants et les demandeurs d’asile. C’est la solution la plus adaptée afin de mettre un terme aux tragédies en Méditerranée. Nous avons besoin de règles communes, d’un véritable système d’asile européen et de politiques d’intégration dans les pays d’accueil. L’asile est un droit et une obligation internationale : le vote d’aujourd’hui montre que le Parlement européen a la volonté politique de le faire respecter.

Voici mon explication de vote:

J’ai voté en faveur d’une Résolution commune du Parlement européen sur la relocalisation. La relocalisation est une mesure d’urgence et de solidarité pour que l’ensemble des États membres, et pas seulement ceux qui sont en première ligne, participent à la prise en charge des demandeurs d’asiles. En 2015, les États se sont engagés à relocaliser 160 000 demandeurs d’asiles d’ici à septembre 2017. Mais nous constatons aujourd’hui que seules 18 000 personnes ont été prises en charge. Le Parlement a exprimé dans cette résolution sa vive inquiétude et sa déception. Nous incombons aux États de respecter leurs engagements, bien après septembre 2017 s’il le faut, avec une priorité à la relocalisation des mineurs non accompagnés et des personnes vulnérables. Nous saluons aussi la réaction de la Commission qui se dit prête à rappeler à l’ordre les États qui ne respectent pas leurs obligations. Oui, il faut être ferme car il en va de la vie de plusieurs milliers de personnes. L’Union a besoin d’un régime d’asile européen fondé sur le partage des responsabilités avec des règles communes. L’asile est un droit et une obligation internationale : le vote d’aujourd’hui montre que le Parlement entend le faire respecter.

Un Sommet UE-Turquie : pour 3 milliards de plus

Communiqué de la Délégation socialiste française

Au dîner des chefs d’Etat et de Gouvernement d’hier était prévu un dessert appelé « Misérable ». Par ce pied de nez, les cuisiniers n’auraient-ils pas parfaitement résumé ce sommet ?

Ainsi, l’Union européenne se préparerait à sceller de petits arrangements peu glorieux.

Au nom de la realpolitik, les États membres semblent prêts à s’asseoir sur un certain nombre de principes et à finaliser avec la Turquie un marchandage indigne : « Un Syrien renvoyé contre un Syrien réinstallé », le tout assorti de 3 milliards d’euros supplémentaires dont la destination reste inconnue.

La Déclaration fait à peine référence à la politique interne en Turquie et préfère fermer les yeux sur le pouvoir autoritaire du président turc, Erdogan, sa mainmise sur les médias ou l’emprisonnement et les menaces sur les universitaires.

Dans le même temps, la Grèce devrait être financièrement très aidée mais elle serait, de fait, transformée en un gigantesque camp de migrants et de réfugiés, barricadée dans des frontières que ses partenaires voudraient croire étanches.

On attend vainement des éléments probants concernant la fermeture de la route des Balkans, la lutte contre les passeurs et les trafiquants d’êtres humains et plus encore sur la mise en oeuvre des engagements pris par les 27 autres États membres en matière de relocalisation.

Le bilan de ce sommet, c’est que sous couvert de décisions « communes », c’est l’idée même d’une Europe solidaire et responsable qui est mise en échec.