Mercredi 10 avril, j’étais invitée par la Conférence des Régions Périphériques Maritimes pour faire le point sur le Paquet Mobilité.
La semaine dernière, nous avons adopté la position du Parlement. Depuis plus de deux ans, au Parlement européen, j’ai lutté sans relâche sur ce Paquet.
Lors de cette réunion avec les experts sur les questions de transports de la CRPM, j’ai présenté les principaux points et enjeux.
Sur le rapport concernant le détachement des conducteurs, alors que la Commission proposait une vision ultralibérale sur l’application du détachement en voulant l’appliquer qu’après 3 jours lors d’une opération de transport international. Le Parlement s’est opposé à cette proposition, et demande que l’application du détachement fasse dès le premier jour. Nous avons toutefois accepté d’exclure du champ d’application du détachement le transport dit de « transit », le transport bilatéral, et les opérations croisées entre deux pays traversés par un conducteur. Nous voulons renforcer les capacités de contrôle des États membres et de la Commission européenne. Dorénavant, nous demandons que les contrôles aient lieu aussi dans les locaux des entreprises, pas uniquement dans les véhicules.
Le texte législatif le plus sensible est celui concernant les temps de travail et de repos des chauffeurs. Là aussi, le Parlement a été beaucoup plus ambitieux que la Commission européenne. Tout d’abord, nous nous sommes prononcés pour l’interdiction du repos hebdomadaire dans les cabines. Nous exigeons aussi un droit de retour domicile réel pour ces chauffeurs toutes les quatre semaines. Les conducteurs ne peuvent pas continuer à être considérés comme des travailleurs au rabais dans l’Union européenne.
Finalement, le Parlement a aussi pris une position forte concernant les règles régissant le cabotage. Nous voulons encadrer le transport national fait par un non résident pour en finir avec le cabotage systémique qui fausse notre marché unique aujourd’hui. Nous voulons établir qu’un conducteur doit sortir de l’État membre au bout de trois jours et attendre une période de carence de 60 heures avant de pouvoir refaire du cabotage. Nous durcissons les conditions d’établissement des entreprises pour en finir avec les sociétés « boîtes aux lettres », qui profitent des lacunes du marché unique pour faire du dumping social.
Voilà des mesures concrètes pour remettre en avant l’Europe qui protège, l’Europe sociale que nous voulons concrétiser. Mais ce n’est pas la fin du combat. Certains intervenants dans la salle m’ont demandé comment les négociations avec le Conseil et la Commission allaient se dérouler.
Si la position du Conseil, établie depuis décembre 2018, est très proche de celle du Parlement, il est impératif que les négociations en trilogue puissent commencer le plus vite possible, mais en vue des élections européennes et du remaniement du Parlement et de la Commission, il est à craindre que les négociations s’étirent encore longtemps.
Mon groupe politique restera vigilant pour que nous puissions adopter toutes ces avancées sociales et les mettre en application le plus vite possible.