Le constat est pour nous sans appel : en France, les socialistes ont perdu les élections européennes, dans les suffrages. Et paradoxalement, ce sont nos axes politiques de réorientation de l’Europe qui sont aujourd’hui au centre du débat. Nous savons déjà que nous serons comptables d’un éventuel échec, même si nous sommes minoritaires dans les institutions européennes. Quels moyens avons-nous de peser sur le cours des choses sans avoir de majorité ? C’est la question qui a guidé la Délégation Socialiste Française tout au long de la mise en place des organes du Parlement européen pour ce nouveau mandat.
Nous nous trouvons aujourd’hui face à une équation mathématique à multiples inconnues. Nous ignorons encore quelles seront les évolutions qui vont intervenir dans les trois prochaines années à l’échelle européenne, mais ces évolutions auront pour nous tous, collectivement, un impact majeur. Ce qui est certain, c’est que la réponse passe par un changement profond des pratiques et des politiques menées. Cet appel au changement est réel et partagé. En effet, la moitié des députés élus en mai au Parlement européen inaugurent leur premier mandat, c’est même près de 60 % des députés du Groupe des Socialistes et Démocrates. Face à un Front National qui n’attend qu’une chose pour parvenir au pouvoir en 2017, que les sortants conservent à tout prix le vieux système, il nous faut trouver de nouveaux modes d’action. Car nous devrons aussi faire face à la recomposition de la droite européenne, avec un PPE qui se radicalise et se rapproche de l’extrême-droite.
La période dite de constitutive arrive à son terme. Les 7 Groupes politiques, de l’extrême-gauche à la droite conservatrice – étant donné que l’extrême-droite n’a pas réussi à se mettre d’accord pour s’unir dans un Groupe – se sont répartis les postes-clefs. Au sein de chaque Groupe, les délégations nationales ont chacune leur lot de responsabilités, au prorata de leur importance numérique. Ainsi les Socialistes et radicaux français ne s’en sortent pas si mal, et en respectant la parité, avec une Vice-Présidence du Parlement européen, pour Sylvie Guillaume, une Vice-Présidence du Groupe S&D, pour Isabelle Thomas, et également une Vice-Présidence de la commission de l’Agriculture pour Eric Andrieu, et une Vice-Présidence de la commission de l’Environnement pour Gilles Pargneaux. Le parlement est en ordre de marche pour entamer son travail pour cette 8e législature.
La première mission du nouveau Parlement est le vote mardi 15 juillet pour le prochain Président de la Commission européenne, peut-être le poste le plus influent de toute l’Union européenne. Pour l’heure c’est Jean-Claude Juncker, ex premier Ministre du Luxembourg, ex Président de l’Eurogroupe, et surtout candidat du PPE, qui tient la corde. Son parti est arrivé de justesse en tête des dernières élections européennes, mais il n’en reste pas moins un homme du vieux système. Face à lui, il n’y a certes pas ou peu d’alternative, mais ça ne suffira pas à lui donner un chèque en blanc, les progressistes auront besoin de garanties solides et concrètes pour ne pas lui barrer la route. Surtout, il tient difficilement la comparaison avec l’autre homme fort du moment en Europe, Matteo Renzi, jeune Président du Conseil italien, issu de la grande famille socialiste, à la tête du Conseil européen pour les 6 mois qui viennent. Avec lui, avec tous les leaders socialistes en Europe, avec nous l’espérons de nombreux Commissaires socialistes (peut-être même un Commissaire socialiste aux Affaires économiques), nous devons inventer les nouvelles réponses aux inquiétudes des citoyens européens.
Notre feuille de route est claire, elle est directement issue de notre programme, et c’est sur ces priorités que nous nous battrons. François Hollande, en réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement en a confirmé ses axes. Les Européens attendent des actes et des décisions fortes ; ils attendent une programme de travail avec des propositions concrètes sur la relance économique, grâce à la transition écologique d’abord pour créer des emplois, des politiques qui ne peuvent être traitées qu’au niveau européen.
Il est urgent aussi d’assouplir le pacte de stabilité : les dépenses d’investissements, les contributions au budget européen et le budget de la défense doivent être sortis des 3%. Les Européens attendent des engagements clairs : les Socialistes vont travailler pour faire avancer leurs propositions dans le contrat qui sera passé entre la Commission européenne, le Parlement européen et les Etats membres. Notre priorité, c’est aussi la jeunesse et les 21 milliards d’euros pour la garantie jeunesse.
Il est urgent que l’Europe change ses politiques pour répondre aux attentes des Européens.