Dans sa conférence de presse en date du 19 novembre 2015, Bernard Cazeneuve a appelé l’Europe à se reprendre, à s’organiser et à se défendre contre la menace terroriste. Le même jour, la commission LIBE a débattu des réponses à apporter au niveau européen suite aux attentats de Paris. Étaient présents, l’Ambassadeur du Luxembourg pour la Présidence du Conseil, M. Ruete pour la Commission européenne et M. Wainwright pour Europol. A l’initiative de Bernard Cazeneuve, un conseil extraordinaire des ministres européens de l’Intérieur et de la Justice se réunit à Bruxelles aujourd’hui pour discuter des mesures urgentes à prendre. Il s’agit de donner un coup d’accélérateur à des décisions prises auparavant et de mettre l’accent sur les nouvelles initiatives nécessaires. Les points abordés seront, notamment : le PNR européen, la lutte contre le financement du terrorisme, le contrôle des armes à feu, le renforcement de l’échanges d’informations et de renseignements, les contrôles aux frontières extérieures, ou encore les réponses à la radicalisation violente. Lors de la réunion, la Commission a annoncé qu’elle présentera une proposition sur un système européen de gardes-frontières à la fin de l’année, et sa proposition révisée sur les Frontières intelligentes en mars 2016. Europol a confirmé de son côté qu’un centre européen de contre-terrorisme sera mis sur pied au sein de l’agence en janvier 2016.
Voici mon intervention :
« Onze mois après Charlie, il est temps que l’Europe apporte une réponse concrète et passe des paroles aux actes face aux attaques que livre DAECH dans le monde, au Proche Orient, en Afrique et en Europe.
Et elle doit s’attaquer d’abord aux causes.
Il faut assécher financièrement DAECH. J’ai bien entendu de la Présidence luxembourgeoise que le financement du terrorisme constituait une priorité. Alors quels moyens concrets sont mis en œuvre pour arrêter le commerce provenant du pétrole que détient Daesh ? Au delà des attaques militaires menées notamment par la France, mais aussi la Russie ou les États-Unis, l’Europe et les États-membres doivent prendre toutes les mesures pour démanteler les filières financières qui entretiennent cette organisation terroriste, qui lui permet ensuite de recruter ces combattants européens.
L’autre sujet concerne le PNR européen, toutes les institutions européennes, y compris le Parlement européen, s’étaient engagées pour que celui-ci soit effectif à la fin de cette année. Cet engagement doit être tenu. Je voudrais signaler que ces combattants européens qui ont notamment commis les attentats de Paris reviennent de Syrie. Ils reviennent par avion, et donc ne peuvent être confondus avec les réfugiés victimes de ces mêmes terroristes, qui eux n’ont d’autres solutions que de prendre des bateaux de fortune. Ils reviennent par avion donc vers des aéroports européens, dont le journal français Libération dresse la liste ce matin : « L’Etat islamique sait pertinemment que certains () sont bien moins équipés que d’autres et conseillent à ses combattants de passer par des pays comme la Grèce, la Bulgarie, la République Tchèque, la Hongrie, ou l’Estonie ». Sans PNR européen, comment pourrons-nous donner les moyens indispensables pour retracer leurs parcours ?
Mon dernier point concerne l’échange des informations entre les services de renseignement et de police et Europol. Je me réjouis de savoir qu’enfin un centre anti-terroriste européen va être mis en place sous l’égide d’Europol. Mais il est plus que temps. M. Brisart directeur du centre d’analyse du terrorisme français ayant fait part de son inefficacité jusqu’alors. Il faut agir enfin et vite ! »