45% des femmes en Europe ont eu affaire au moins une fois dans leur vie à une violence sexiste. Du fait de l’absence d’harmonisation des politiques en ce domaine au niveau européen, elles ne sont pas protégées de la même façon selon le pays dans lequel elles vivent. C’est pourquoi le Parlement européen a adopté aujourd’hui, à une très large majorité (516 voix pour, 54 contre et 52 abstentions), une résolution visant à faire de la lutte contre les violences envers les femmes et les filles une priorité pour tous.
Un outil existe pour mieux protéger les femmes, prévenir les violences et poursuivre les responsables : c’est la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, premier instrument international juridiquement contraignant sur la question. Si tous les États membres ont signé cette convention, seulement quatorze d’entre eux l’ont ratifiée, dont la France.
C’est pour cette raison que la Commission européenne a proposé, en mars 2016, que l’Union européenne puisse accéder à la Convention d’Istanbul. Cela constituerait un pas en avant très important pour davantage d’uniformisation des mesures de lutte contre la violence sexiste en Europe. Les discussions au Conseil prenant bien plus de temps que prévu, nous avons souhaité envoyer un message fort aux États membres en adoptant cette résolution, afin qu’ils accélèrent la cadence des négociations.
Nous avons également insisté pour que le texte appelle à l’adoption d’une directive européenne, qui permettrait de renforcer la mise en application de la Convention d’Istanbul au niveau européen et de traduire en mesures concrètes ses dispositions qui relèvent des compétences de l’Union.
Enfin, nous reviendrons avec une proposition qui nous tient profondément à cœur, et que nous regrettons de ne pas voir figurer dans la résolution : parce que le déni de l’accès à un avortement sûr et légal, et les grossesses forcées qui en résultent, sont une violence caractérisée envers les femmes et une violation de leurs droits humains, nous voulons faire de l’avortement un droit fondamental, qui doit être reconnu et protégé au sein de l’Union européenne.
Communiqué du groupe Socialistes et Démocrates
Les eurodéputés S&D ont obtenu aujourd’hui le vote d’une résolution, à une large majorité, défendant l’adhésion de l’Union européenne à la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre les violences envers les femmes, connue sous le nom de « Convention d’Istanbul ».
La résolution demande également à l’Union de renforcer son action dans la lutte contre les violences faites aux femmes, à travers l’adoption d’une directive européenne. Le but serait aussi de définir les violences envers les femmes comme un domaine de crime grave couvert par les Traités européens.
Marie Arena, porte-parole du Groupe S&D sur les droits des femmes et l’égalité des genres, a déclaré :
“Aujourd’hui, nous avons envoyé un message fort et clair au Conseil et à la Commission : les demi-mesures ne sont plus acceptables. Un tiers de toutes les femmes en Europe ont souffert de violences physiques ou sexuelles, une action de l’Union européenne ne peut plus attendre !
“L’élimination des violences contre les femmes a toujours été une priorité pour le Groupe S&D et nous nous réjouissons que cette résolution ait reçu un si fort soutien. La ratification de la Convention d’Istanbul sera un pas dans la bonne direction. Les femmes ont le droit de se sentir en sécurité et protégées, peu importe là où elles vivent dans l’Union européenne.” Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, négociatrice pour le Groupe S&D sur la résolution, a ajouté:
“C’est une honte que seulement la moitié des États membres de l’Union européenne ait ratifié la Convention d’Istanbul. La violence contre les femmes et les filles est un terrible fléau qui frappe partout en Europe et dans le monde. L’Union doit agir en urgence!
“La ratification de la Convention d’Istanbul est cruciale, mais ne sera pas suffisante. C’est pour cela que nous nous sommes battus pour que cette résolution appelle à l’adoption d’une directive européenne sur la prévention et la lutte contre les violences envers les femmes et les filles. Dans un contexte où seulement un tiers des femmes ayant subi des violences dénoncent à la police les crimes dont elles sont victimes, et où la plupart des responsables de violences envers les femmes ne sont pas poursuivis, nous voulons qu’il n’y ait aucun doute sur la volonté de l’Union et de ses États membres à agir pour défendre les droits des femmes.” Iratxe García Pérez, Présidente S&D de la commission parlementaire sur les droits des femmes et l’égalité des genres, a déclaré :
“Une société, où la moitié de la population, les femmes, font face au risque permanent de devenir victimes de violences fondées sur le genre, exige que tout le monde prenne ses responsabilités et agisse pour éliminer cette injustice.
“Malheureusement, il n’y a pas de données homogènes pour toute l’Europe, mais selon une étude de l’Agence des droits fondamentaux, 33% des femmes européennes auraient été victimes d’une forme de violence.
Il est urgent de se doter d’une directive européenne sur la lutte contre les violences envers les femmes. Nous parlons de vies fauchées, de familles brisées et de destins ravagés par la douleur. Que faut-il de plus pour que l’Union européenne agisse ? »