Le 24 novembre dernier, à l’invitation de la Fondation Jean Jaurès, j’ai participé à une conférence sur le thème du « Front National et l’identité ». Autour de la table, Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, Sabine Choquet, chercheuse à l’Université de Montréal et de Fribourg et Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Alors que Jean-Yves Camus est revenu sur la relation qu’entretient FN avec cette notion, Sabine Choquet a défini l’identité nationale et Gilles Clavreul s’est exprimé sur la façon dont l’État peut s’emparer du sujet sans l’exacerber. Pour ma part, je suis revenue sur la manière dont les députés du Front National se sont emparés et ont détournés le thème de l’identité au Parlement européen, ce qui permet d’avoir un aperçu de leur projet nuisible pour la France et l’Europe.
Le Front National a un groupe très important au Parlement européen. Avec près de 25% des voix, 24 députés FN-RBM ont rejoint les bancs de l’hémicycle européen en 2014. Cela constitue de fait la plus importante délégation française du Parlement européen en terme numérique. La constitution du groupe « Europe des Nations et des Libertés » (ENL) en juin 2015, aujourd’hui composée de 39 députés de neuf nationalités différentes leur a également permis de gagner en influence et en structuration au sein de l’institution et de bénéficier de financements de l’ordre de plus de 3,2 millions d’euros par an.
Le FN est totalement obnubilé par la question de l’identité nationale. Pour eux, l’UE menace l’identité de la France. Pourtant c’est méconnaitre ce qu’est l’identité, c’est-à-dire un principe inclusif et non un principe excluant. En Fait, le FN rejette l’idée que l’Union européenne soit multiculturelle et ouverte comme l’a exprimé Mme Bild, membre de la commission CULT, pour qui le multiculturalisme reviendrait à faire « sortir l’Europe de l’Histoire ».
Pour le FN, l’enjeu de l’identité est intimement lié à la question de migratoire. Ce « péril » pour la France subodore encore tous les discours du Front National dans le seul et unique but d’attiser les peurs.
Autre thème majeur pour le FN, la laïcité. Ce concept inclusif et ouvert tel que voulu par la loi de 1905 est complètement dévoyé. Il est utilisé pour stigmatiser l’Islam et les musulmans. Pour Nicolas Bay, n°3 du parti frontiste « L’État doit se montrer intransigeant face à la haine anti-française et aux revendications politico-religieuses. Le communautarisme islamique doit être combattu, cela passe notamment par la dissolution de tous les groupes islamistes radicaux qui menacent la laïcité républicaine et l’identité française, tels que l’UOIF. L’immigration massive doit être stoppée, et les délinquants et islamistes étrangers expulsés. Il en va de la sécurité de nos compatriotes ! ». Il associe ainsi sans peine les termes d’identité, de laïcité, d’immigration de masse et de sécurité.
Autre positionnement réactionnaire du FN : les droits des femmes. En effet, ils portent un projet régressif et s’opposent toujours à l’avortement. Monsieur Martin a ainsi estimé que cantonner les femmes au foyer aurait l’avantage de libérer des emplois et de donner une meilleure éducation à nos enfants ».
Il faut retirer au Front National son masque. Ce n’est pas le parti du peuple mais bien un parti d’extrême droite qui fourvoie les questions identitaires pour mieux diviser les français et les européens. Son projet n’est pas républicain mais bien nationaliste et xénophobe. Alors que Marine Le Pen semble être portée dans les sondages, il faut dénoncer son programme, mettre en exergue ses idées, toujours aussi nauséabondes. Les députés FN au Parlement européen se préparent aux prochaines élections locales et notamment aux législatives. Aussi, nous avons une responsabilité, révéler leurs mensonges et être présents sur le terrain pour combattre leurs idées au quotidien.